Pour que le souvenir reste » Résultats de recherche » fln oran mars 1962 http://oran3644.unblog.fr Que notre histoire demeure à jamais dans nos coeurs !!! Sat, 06 Apr 2013 22:01:28 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.5 L’ALGERIE DE 1830 à 1962 http://oran3644.unblog.fr/2008/03/08/lalgerie-de-1830-a-1962/ http://oran3644.unblog.fr/2008/03/08/lalgerie-de-1830-a-1962/#comments Sat, 08 Mar 2008 13:25:20 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2008/03/08/lalgerie-de-1830-a-1962/ J’ai longtemps réfléchi avant la parution de cet article et je demanderais à toutes les personnes qui me déposent un commentaire qu’elles le fassent objectivement. Certaines descriptions ou certaines phrases peuvent choquer, peuvent paraitre incompréhensibles, je suis à votre disposition pour y répondre. Je n’attaque personne, je veux seulement connaitre la vérité ET la faire connaitre à d’autres désireux de savoir. Trop d’actes restent cachés ; bien souvent la communauté pied-noir passe pour être responsable de cette guerre d’Algérie, c’est FAUX, totalement FAUX, les pieds-noirs ont subi, ils ont été trompés, ils ont cru en leur futur président qui n’a rien fait pour les sauver, bien au contraire.

Sachez que tous les commentaires déposés sont lus et si vous souhaitez une réponse, je le ferais, il vous suffira de revenir sur votre commentaire pour voir ma réponse.

L’ALGERIE DE 1830 à 1962

Ils sont partis contraints et forcés pour sauver leur vie, ils n’avaient pas le choix. Beaucoup trop de disparus, beaucoup trop de victimes, beaucoup trop d’êtres mutilés, beaucoup trop d’innocents restés là-bas, qu’ils soient femmes, enfants, hommes et personnes âgées ; ils n’avaient pas le droit de leur ôter la vie, de leur faire subir des atrocités que, nous, enfants de pieds-noirs, sommes loin d’imaginer.

L’histoire des pieds-noirs, elle aurait pu être belle, elle aurait pu faire partie des livres d’histoire de nos écoliers, au lieu de cela, elle est cachée, elle est tue, elle est à semi-dévoilée. Qui mieux que les pieds-noirs peuvent la raconter ? En tant que fille et petite fille de pieds-noirs, je vais essayer de vous la conter, avec la participation de ma famille, d’amis pieds-noirs et de toutes les sources glanées sur le web.

De 1830 à 1848, l’Algérie était une colonie française. Durant toute cette période, des combats ont eu lieu, avec plusieurs pertes d’hommes d’un côté comme de l’autre. L’Algérie devient alors partie intégrante du territoire français. Le gouvernement envoie des Français peupler l’Algérie. Ils doivent cultiver la terre, récolter des céréales, planter des légumes, des fruits, le sol peut être riche, le climat est bon pour l’agriculture. Les pays alentours, tel que l’Espagne, l’Italie, la Corse sont attirés par l’Algérie, ils viennent dans un premier temps pour explorer le pays, voir sa richesse, puis décide de faire venir leur famille sur ce sol nouveau. Les espagnols sont réputés pour être de bons travailleurs, autant les hommes que les femmes qui ne rechignent pas à la tâche ménagère. Je tiens à rajouter un détail extrêmement important : ce ne sont pas les pieds-noirs qui ont colonisé l’Algérie, c’est le gouvernement français de l’époque de 1830, les pieds-noirs sont seulement venus s’installer sur cette nouvelle terre, enfin autrefois, ils n’étaient pas encore pieds-noirs, ils étaient des étrangers, des Européens.

Certains Français ne supportant pas leur nouvelle vie, repartent en France, d’autres meurent de maladies comme le typhus, la malaria, le paludisme… ; il faut dire qu’à l’époque, il fallait tout bâtir, le travail était dur, il n’y avait pas ces machines ultra-modernes, non tout devait être fait à la main. Ces premiers habitants ont transformé le pays par la création de routes, d’écoles, de commerces tels que les pharmacies, les boulangeries…, les hôpitaux, l’arrivage de l’eau courante dans les maisons.Un petit bout de France se construit par-ci, par-là. Beaucoup d’hommes s’engagent dans l’armée française, signant sans cesse leur renouvellement et cela jusqu’à leur retraite. Entre temps, la guerre 14/18 s’impose plus que jamais, la France a besoin d’hommes, elle recrute dans tout le pays, que l’homme soit Français ou Algérien, il doit avant tout être Français et s’il ne l’est pas, il faudra obtenir la nationalité. Pour l’obtention de cette nationalité, une étude était menée sur le sujet demandeur : quelles étaient ses motivations, son sentiment vis à vis de la France, quelle existence il menait, ses relations, sa famille, son salaire, tout était extrêmement étudié. Enfin, la nationalité étant accordée à ces valeureux, les voilà partis faire le sale travail, comme on dit trop souvent.

Je vous cite l’exemple de mon grand oncle Joseph, pour lequel j’ai déjà écrit plusieurs articles. Né en Espagne en 1886, naturalisé Français en 1914, il part pour la Macédoine défendre la France, en disant à sa famille : pas de soucis, je reviendrais et cette guerre finira bien et bientôt. Il n’est jamais revenu, il est resté là-bas, sur une terre inconnue, comme tant d’autres, une fois de plus, l’exode est là ! Mon grand-père paternel a fait ses campagnes contre l’Allemagne du côté de Mulhouse, Vaux Chapitre, et le Bois des Loges. Mon grand-père maternel avait à peine deux ans quand la guerre a commencé. Enfin, tous ces hommes sont partis en chantant : c’est nous les Africains… certains avaient la peur au ventre mais pour défendre leur patrie, ils auraient donner leur vie et c’est ce qu’ils ont fait, les rescapés revenus sont meurtris, blessés, traumatisés ; qu’allait être leur vie après ça ? Malgré leurs blessures de guerre, il fallait travailler pour vivre, pour nourrir sa famille et travailler de leurs mains, à la sueur de leur front, faire un travail épuisant, harassant, tout cela pour gagner quelques francs par jour, une véritable misère ! Il faut se relever après cette grande guerre et donc construire le pays.

Arrive l’époque de nos parents, nés dans les années 1930/1940, la France occupe toujours l’Algérie, la guerre 14/18 est finie depuis longtemps mais la seconde guerre mondiale se profile à l’horizon entrainant de nouveaux départs pour le front. 16 % de la population algérienne part sauver la France, ce pourcentage étant bien plus important que celui de la métropole. De nouveau, les restrictions alimentaires, le couvre-feu, c’est à ce moment là qu’est parti mon grand-père maternel pour le Liban : quel est le rapport avec la France ? Je me le demande bien !

Nos parents grandissent et profitent de chaque instant, de chaque jour qui passe, ce sont leurs plus belles années. Ils découvrent la France par les livres à l’école, par les colonies de vacances qui se déroulent dans le Sud de la France, tout est fait, tout est dit pour embellir la France à leurs yeux. Et pourtant la bonne entente règne entre les deux communautés musulmanes et européennes, les coutumes sont différentes mais respectées de part et d’autre.

Les premières menaces contre le peuple pied-noir débutent en 1954. Il s’ensuit des assassinats d’hommes, de femmes, d’enfants, les attentats se multiplient : un pied-noir sort dans la rue, un algérien surgit, lui tranche la gorge et le laisse là, en train de se vider de son sang. Combien d’entre vous ont vécu ce genre de scène ? Des bébés, des nourrissons jetés avec une violence inouïe contre un mur afin de leur éclater le crâne, des enfants torturés, découpés, pendus à des crochets de boucherie afin qu’ils se vident de leur sang ! Pouvez-vous imaginer une telle scène ? Ce n’est pas un film, c’est la réalité telle qu’elle s’est déroulée sous leurs yeux, sous les yeux de mes parents, de leurs parents.

Et l’armée française dans tout ça, que fait-elle ? Le gouvernement ne sait plus ! Il tergiverse ! Il hésite ! Là aussi, que se passe-t-il ? Mai 1958, De Gaulle vient parler sur le territoire Algérien : son discours l’entraine tout en haut de l’échelle, pieds-noirs et musulmans réunis votent pour lui malgré les menaces du FLN contre le peuple musulman. Tous ont voté pour une Algérie Française mais une fois au pouvoir, De Gaulle retourne sa veste et trahit l’ensemble du peuple Algérien ; de ce fait, le FLN est libre de toute action sur le peuple pied-noir, l’armée française a pour ordre de ne plus défendre les européens et les musulmans favorables à l’Algérie Française et même plus de tirer sur les pieds-noirs, abattant ainsi des français ! C’était le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger !

Je parle là bien entendu des atrocités qu’ont subi les pieds-noirs mais ils ne sont pas restés là à attendre les bras croisés, eux aussi se sont battus pour défendre leur vie, eux aussi ont dû tuer pour survivre, pour protéger leur famille. Ils décident de se défendre et rejoignent l’OAS pour leur survie. L’armée française les ayant tout simplement abandonné à leur sort et ce d’autant plus que les barbouzes et les gardes mobiles étaient de connivence avec le FLN.

Quelques mois plus tard, un message est diffusé à la radio : ce message s’adresse à la communauté pied-noir qui doit choisir entre « la valise ou le cercueil. »

Là, pas le temps de se poser des questions, pas le temps de prévoir un déménagement, pas le temps d’aller à la banque pour retirer l’argent, chacun emporte avec lui ses souvenirs : photos de famille, photos des jours heureux, un livre, un cahier, un jouet, un cadre, une clé de maison, quelques vêtements, on ne sait pas quel temps il fait de l’autre côté de la Méditerranée. Direction la Sénia, embarquement par avion ou par bateau pour tous ceux qui y arriveront car là beaucoup de vies humaines vont disparaître de cette terre, envolées, on ne trouvera jamais leurs corps, que sont-ils devenus ? Puis, même à bord du bateau, nos parents n’étaient pas sauvés pour autant ! Des hommes armés montés à bord, choisissaient quelques personnes et voulaient les faire redescendre à terre ! Le commandant du bateau intervenait en leur faveur, les hommes armés redescendaient du navire et le commandant donnait l’ordre aussitôt de partir. Sans l’intervention de ces commandants de bateau, ces personnes ne seraient pas parmi nous aujourd’hui.

Les voilà tous à bord du bateau, regardant au lointain, la baie d’Oran disparaitre dans un nuage de fumée, à bord de l’avion, survolant la mer et la ville d’Oran où règne la cacophonie. Mais leur histoire ne s’arrête pas là ! Ils sont arrivés en France, accueillis comme des criminels, comme des moins que rien, leurs bagages encombrants stockés dans des containers avaient été largement trempés dans l’eau de mer, le peuple Français leur a tourné le dos, le gouvernement Français leur a tourné le dos ! Quel accueil chaleureux de la part du maire Gaston Deferre qui accueille des familles entières qui ont tout perdu par cette phrase ignoble : « que les pieds-noirs aillent se réadapter ailleurs ! »

Le Mur des Disparus en Algérie a été inauguré le 24 et 25 novembre 2007, sur ce Mur, sont notés 3192 noms de personnes. Ainsi pour tous ceux qui ont un être cher disparu pendant les évènements, ils ont enfin un lieu de recueillement et un hommage leur a été rendu.

Enfin, le gouvernement français n’est pas tout blanc dans toute cette histoire, c’est pourquoi la vérité sur la guerre d’Algérie reste encore trop longtemps cachée ; elle se dévoile peu à peu malheureusement lorsqu’un film documentaire concernant l’Algérie Française passe sur les ondes, celui-ci est diffusé à une heure tardive de la nuit ! Qui va regarder ? Qui va écouter ? Où est la bande annonce qui va attirer l’audimat !

Enfin et pour finir, un petit mot pour rendre hommage également aux 150 000 harkis qui se sont battus au côté des pieds-noirs et qui ont été livrés cruellement au FLN.

Alors l’histoire des pieds-noirs est peut être compliquée à comprendre tout simplement car aucun livre digne de ce nom, ne relate l’histoire telle qu’elle a été vécue par les pieds-noirs eux mêmes.

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SAINT EUGENE http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/ http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/#comments Tue, 09 Jan 2007 22:41:59 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/ Voilà, cela vous paraitra long à lire mais les souvenirs d’enfance restent toujours aussi émouvants, qu’ils soient personnels ou pas, que l’on connaisse la personne ou qu’elle nous soit complètement étrangère. J’ai tenu ici à retranscrire l’enfance passée de mon père, né en 1936 à Saint-Eugène. Les photos et dessins sont à venir.

SAINT EUGENE

Je suis né à Saint Eugène, quartier d’Oran, bd Vauchez. J’habitais une grande maison ; dans le jardin, tout aussi grand, il y avait un olivier, un oranger avec des oranges amères et un très grand figuier. Mon père faisait le jardinage : il cultivait différents légumes, des salades et des tomates. Ma mère s’occupait des fleurs : des roses, des arums, des marguerites, des géraniums et bien d’autres variétés. Au moment de la fête des mères, les gens venaient et nous achetaient des fleurs. On avait aussi une vigne grimpante qui donnait de très gros grains de raisins qu’on mettait en bocal avec du rhum. On possédait également des poulaillers, deux chiens que l’on attachait dans le jardin et des lapins.

De temps en temps, on voyait des caméléons dans le jardin. Souvent, j’en attrapé un et je lui faisais fumer une cigarette ; un jour, le caméléon m’a attrapé le doigt, pour qu’il me lâche, il a fallu lui couper la tête mais lui m’avait arraché un morceau de doigt depuis je n’ai plus jamais touché au caméléon.

Un jour, on a eu une invasion d’énormes sauterelles. On a alors pris des seaux plein d’eau, on mettait les sauterelles dedans et on donnait le tout aux poules qui se régalaient.

5 ans avant l’indépendance, il y a eu une invasion de rats dans notre jardin. Ils venaient manger nos poules et nos pigeons. Il y avait derrière chez nous, un terrain vague où s’entassaient des épaves de voitures, les rats provenaient de là. Avant de partir au travail, à 1 heure de l’après-midi, avec la carabine, j’en tuais quelques-uns et le soir, je recommençais.

A 8-10 ans, je rendais quelques petits services aux américains et eux en échange, nous donnaient des cigarettes.

Après la fin de la guerre avec l’Allemagne, ma mère et moi allions au village nègre (c’était le quartier arabe). On trouvait de tout là-bas, on l’appelait aussi le marché noir.

A 10-13 ans, avec les copains, on fabriquait des « caricos », c’était une planche en bois, dessous il y avait deux roulements à l’arrière et un devant, puis un bois à l’avant qui servait à diriger l’engin.

DESSIN DU CARICO A VENIR

Avec cette planche, on allait chercher de l’herbe pour les lapins, ou encore on allait à la caisserie, l’usine à bois, remplir des sacs de sciure pour se chauffer l’hiver. On avait un fût qu’on remplissait de sciure, au milieu de ce fût, il y avait un manche en bois d’une pioche, sur le côté des trous pour laisser passer l’air, on enlevait le manche en bois et on allumait le feu par le bas, c’était notre chauffage.

DESSIN DU FUT A VENIR

A 12 ans, je ramassais les figues, après les avoir peser, j’allais les vendre. Au début, c’était dur puis peu à peu, j’ai eu ma propre clientèle. Je vendais environ 16 kg de figues deux fois par semaine, ainsi que les oeufs frais de nos poules. Après sa retraite, mon père était gardien le soir dans une usine ; il a ensuite arrêté et s’est fabriqué une charrette pour aller vendre des petits pots de basilic et du piment de Cayenne les jours de marché. Quand il rentrait à la maison, il nous disait : « c’est des français qui m’achètent le basilic ». A Saint-Eugène, il y avait la cité des français de métropole. Ils lui achetaient du basilic pour le mettre dans leur soupe.

Dans notre quartier, on se connaissait presque tous ! En face de chez nous, il y avait le bar François, à côté le coiffeur, après le bar Martinez, Lola la marchande de journaux, un peu plus haut le cinéma l’Alhambra. En face, il y avait aussi un magasin qui vendait des glaces, des torraïcos (pois chiche grillé) et des tramousses (lupins) et le bar Bonillo.

A Pâques, les gens venaient faire cuire leur mounas à la boulangerie, à cette époque, nous n’avions pas de four.

J’ai fréquenté beaucoup de quartiers où j’ai travaillé par la suite : Gambetta, Carteaux, Victor Hugo, Delmonte, le Plateau, le quartier de la Marine (c’était le vieux quartier d’Oran).

Notre moyen de locomotion à l’époque, c’était la marche : j’accompagnais ma mère au cimetière Tamashouet. On allait à l’école, pêcher au port, au centre ville, toujours à pied. Le samedi soir, nous allions au cinéma qui se situait au centre ville. On rentrait à 1h30 du matin et on prenait les cannes à pêche puis on repartait. On rentrait le dimanche après-midi vers 13 h – 14 h et à 7 heures du soir, on était de nouveau dehors.

A 14 ans, j’ai eu mon vélo. On allait pêchait à Ain Franine (c’était sur la côte sauvage) avec les copains. On allait même jusqu’à Arzew, à 40 km d’Oran, le soir on était crevé.

J’ai eu mon premier contrat de 3 ans dans un atelier de mécanique, il y avait également avec moi un jeune du quartier Victor Hugo qui travaillait avec moi. Je le revois de temps en temps, aujourd’hui, il habite à Hyères. L’entreprise où je travaillais s’appelait l’entreprise Raveau. Ils étaient 4 frères, ils travaillaient toujours très tard dans la soirée. On nous apportait des villebroquins de bateau complètement usés et eux les retapaient à neuf. Il n’y avait qu’eux pour faire ce travail de métallisation dans tout Oran. D’ailleurs, c’est grâce à eux que j’ai appris à travailler.

J’allais à l’école de Delmonte qui était à 1 km de la maison. On n’était pas des anges et à la récréation, il y avait souvent des bagarres, si bien que lorsqu’on rentrait en classe, l’instituteur faisait pousser les bureaux, et les deux élèves qui se battaient en récré, remettaient ça devant les élèves et l’instituteur. Moi, je n’ai jamais aimé l’école.

Il y avait à côté une église avec le patronnage. Monsieur Henri s’occupait du patronnage, il faisait office de prêtre. C’est là que l’on jouait au petit drapeau, on faisait des sorties à la campagne, toujours à pied.

Pour la Pentecôte, on allait à Santa-Cruz, c’est la montagne qui se trouve au pied du quartier de la marine. C’était haut : les gens montaient soit à pied, soit à genoux pour prier et voir la Vierge. Toute la population faisait ce pélerinage. Il y avait aussi un château fort.

Quand il y a eu la peste à Oran, beaucoup sont morts puis un jour tout s’est arrêté : je ne me souviens plus en quelle année mais les gens avaient descendu la Vierge et la promenaient dans toutes les rues, les balcons étaient maculés de drap blanc et de bougies allumées : voir le livre d’Albert Camus sur la peste.

A 17 ans, j’avais une certaine liberté. Le vendredi soir, on sortait avec les copains, on faisait la tournée des différents bars : on mangeait de la rate farcie (merza), des rognons blancs, des merguez, du foie ou du coeur. Presque tous les bars possédaient un barbecue, chacun préparait sa kémia (différentes entrées) et les gens s’attablaient à l’intérieur ou à l’extérieur du bar.

Quand tu commandais à boire (anisette), on te servait aussi une assiette de kémia (escargots en sauce piquante, olives, cacahuètes, etc…). On était une bande de 7 à 8 copains alors, à tour de rôle, on payait notre tournée, si bien que le soir, je ne rentrais pas souper à la maison.

A 18 ans, je me suis acheté une motobecane 125 culbutée. On partait à 4 h du matin placer des pièges pour attraper les oiseaux : grives, alouettes. On posait plus de 350 pièges (piège de fourmies à ailes ou des verres de farine). Avec mon frère René, on attrapait les chardonnerets au filet mais il fallait aller assez loin. Au début, on faisait cela à vélo c’était dur mais après avec la moto, cela s’est beaucoup amélioré.

PHOTO DE LA MOTO A VENIR

Après le départ des américains, à la fin de la guerre, on allait à leur emplacement. Ils avaient creusé des trous en forme d’entonnoir, d’une circonférence d’au moins 15 m, d’une profondeur de 8 à 10 m. Pour descendre au fond de ces trous, on se laissait entraîner par la vitesse, c’est elle qui nous maintenait debout. En bas, c’était pleins de serpents, des petits qui étaient mortels et des couleuvres. On les attrapait soit pour leur couper la tête ou alors on en lâchait quelques uns dans le quartier sur la route.

Le soir, on s’amusait à Burro flaco : deux groupes de 6 par exemple : il fallait se mettre l’un derrière l’autre, en position du cheval d’Arson, le second tenant le pantalon du premier et ainsi de suite. Le deuxième groupe devait sauter sur le dos du premier et ainsi de suite jusqu’à ce que tout s’écroule.

Si vous souhaitez voir un exemple de ce jeu, visiter le site suivant : tout en bas de la page, vous avez une vidéo du jeu BURRO FLACO

http://danmarlou.free.fr/jeux.htm

On allait aussi chez Dédé Camensouli. Avec les copains, on avait formé un groupe de musiciens : le groupe BATI BATI : Dédé jouait de la batterie, Roger de l’harmonica, moi j’avais les maracas et le tambourin quelquefois. Notre groupe jouait sur les plages d’Ain El Turck et Damesme. Un an plus tard, un ami nous rejoint pour jouer de l’accordéon. Notre groupe jouait un peu partout.

Le soir, vers 18 heures, en face de la maison, devant le bar, on achetait des sardines fraîches que l’on mangeait de suite. Ainsi, il y avait toujours du monde à la maison.

A la fin de mon service militaire, je me suis achetée une autre moto, la première c’était une motobécane 125 culbutée, vitesses au pied. La deuxième c’était une moto anglaise : Royal Enfield 250, mon copain Jeannot Roca avait une 500 Triumph, les autres c’était la voiture.

ROYAL ENFIELD 250 A VENIR

Le soir, après le couvre-feu, on n’avait plus le droit de sortir mais le vendredi soir, on allait au cabanon au frère à Tari au genêt, il y avait des dunes de sable, et là on jouait aux cartes.

Vers 1 heure du matin, on ramassait des crevettes ou on pêchait. On ne rentrait chez nous que le dimanche soir, toujours après le couvre-feu. Les motos partaient les premières, les voitures nous suivaient, cela arrivait que l’on croise des barrages mais on les semait aussitôt. Un soir, qu’on rentrait moteur et feux éteints, je restais devant la porte de chez moi et ne bougeait plus, mon copain qui habitait un peu plus bas, s’était fait arrêter au croisement par une patrouille de gendarmes accompagnés d’arabes du FLN. Ils l’ont fait descendre de voiture et l’ont tabassé, je suis resté en retrait et suis rentré discrètement chez moi.

Derrière chez nous, il y avait aussi un terrain de boules, souvent on allait jouer aux boules ou aux cartes. Au mois de mars, on pêchait des sacs pleins de saupes en compagnie de personnes plus âgées que nous, avec comme appât un grain de mandarine.

Quelquefois aussi, on allait pêcher jusqu’à Mostaganem (à 90 km d’Oran), dans un coin qui s’appelait Lastidia.

Toujours derrière chez nous, sur le terrain vague, il y avait une tonnelerie qui fabriquait de gros tonneaux pour le vin. Quand le patron était absent, on montait sur les fûts et on les faisait rouler. On s’amusait ainsi mais un jour, je suis tombé et me suis cassé la jambe droite. A la maison, on avait une balançoire fixée sur le figuier, ma soeur Clémence m’avait poussé un peu trop fort, je suis parti dans les airs et en tombant j’ai eu une nouvelle fracture toujours de la jambe droite. Une après-midi, il y a eu une forte explosion dans l’atelier de mécanique qui se situait à côté de chez nous. Une bouteille de gaz avait explosé, le patron a eu le visage brûlé ainsi que mon frère Joseph qui avait été brûlé sur tout le corps.

J’ai profité de ma jeunesse, j’ai vécu à 100 % les plus belles années de ma vie puis est venue l’indépendance de ma terre natale où contraint et forcé j’ai dû prendre l’avion le 4 juillet 1962 pour arriver à Marignane.

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