Pour que le souvenir reste » Résultats de recherche » pied noir oran http://oran3644.unblog.fr Que notre histoire demeure à jamais dans nos coeurs !!! Sat, 06 Apr 2013 22:01:28 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.5 Les souvenirs de ma Mère http://oran3644.unblog.fr/2013/04/06/les-souvenirs-de-ma-mere/ http://oran3644.unblog.fr/2013/04/06/les-souvenirs-de-ma-mere/#comments Sat, 06 Apr 2013 22:01:28 +0000 http://oran3644.unblog.fr/?p=467 Après quelques années de silence mais toujours à l’écoute des livres, photos, documentaires, ou commentaires déposés sur mon blog, je vous invite à découvrir les souvenirs de ma Mère. Je me permettrais de poursuivre sur ses dernières phrases écrites, suite à de nouvelles informations reçues via le site de « Oran des années 50″ que je remercie par avance. Ma mère ayant noté ses premiers écrits dans un cahier, j’ai retranscrit mot à mot ses dires.

Valérie

LES SOUVENIRS DE MA MERE

Dans ce cahier vont se dérouler toutes les étapes dont je me souviens sur ma vie.

Naturellement, date de naissance : le 24 février 1944

De vraiment bébé, je ne me rappelle pas grand-chose à part que mon père par inadvertance (en ce moment ma mère était malade) m’a intoxiqué avec un biberon de lait et il a fallu que je boive du café noir (mais ceci, c’est ce que j’ai entendu me dire)

 

Ensuite vint les années scolaires où je fus quand même une élève disons d’un niveau assez bon (surtout en math et en français). Je me souviens déjà petite lorsque j’allais au cours élémentaire, 2ème année (CE2) je fus un jour renversée par la voiture de ma maitresse, mais c’était un peu ma faute car je sortis en courant de la cour d’école dans la rue. Ce ne fut rien de grave, que de la  peur. Ce dont je me souviens de cette maitresse (Mme Rigal) c’est qu’elle nous punissait  assez sévèrement (règle sur le bout des doigts) et en plus nous sortait des surnoms ce qui ne plaisait toujours pas. Enfin on finit par oublier.

J’ai redoublé mon CM2 car échec à l’examen d’entrée en 6ème.

Puis  de la 6ème à la 3ème, tout s’est bien déroulé au point de vue niveau scolaire, beaucoup de timidité de la primaire jusqu’en 4ème. Et je me suis disons un peu dissipée en 3ème sans nuire à ma  scolarité. Mais le jour  du BEP, de nos jours BEPC, nouvel échec à l’oral vue ma timidité impossible de sortir un mot devant les professeurs qui  m’interrogeaient. Je ne regrette rien au niveau études car aujourd’hui encore tout ce dont j’ai appris durant ma jeunesse me sert actuellement pour pouvoir guider mes enfants (5) dans leurs études, du moins  jusqu’en 3ème.

Au point de vue amusement, cela s’est bien déroulé, j’avais mes amies avec lesquelles nous passions d’agréables moments à divers jeux d’enfants. Et comme certains enfants j’allais en colonie de vacances durant les périodes de vacances scolaires en été. J’ai été deux années de suite à Aïn El Turc en Algérie (9 et 10 ans) et de 11 à 15 ans en colonie en France avec les religieuses. Pour moi ce fut mes meilleurs moments même à l’époque d’aujourd’hui, il m’arrive encore de m’imaginer l’endroit de mes vacances du côté de Castres dans un grand château au milieu de forêts, ruisseaux, verdures, bref tout cela était un  enchantement à ne point  oublier. Il  m’arrive même la  nuit dans mes rêves de me retrouver dans ce site merveilleux.

J’ai fait mes communions privée et solennelle puis ma confirmation puis j’ai continué à aller à la messe le dimanche jusqu’en 1962 date de mon rapatriement en France. Je ne sais pour quelle raison, j’ai arrêté nettement la cérémonie de la messe du dimanche peut être par timidité car je ne connaissais personne en France ou seulement par paresse. Mais toujours est-il que j’ai gardé la foi catholique et c’est ce que j’essaie d’enseigner à mes enfants malgré la réticence de mon mari à ce sujet.

Toutes les années où mes vacances se passaient en France, il se trouvait un  moment où pendant 4 à 5 jours, nous allions toute la colonie faire un séjour à Lourdes, lieu de prière. Cela aussi pour moi fut d’une grandiose beauté surtout les processions nocturnes. Où sont passées ces belles années ? Loin très loin derrière ! Mais il reste les souvenirs et c’est formidable.

J’avais 16 ans quand  ma sœur Raymonde s’est mariée. Et déjà je connaissais celui qui allait être mon futur mari. Mais en ce moment, je ne pensais point du tout à lui. Il faut vous dire que mon beau frère et mon mari sont des amis d’enfance ; ils étaient du même quartier, et naturellement quand ma sœur a fréquenté son futur mari, c’est là que j’ai connu Claude car avec mes parents chaque fois que ma sœur sortait avec son fiancé,  il fallait emmener la petite sœur derrière elle, et c’est moi qui en avait la plupart  du temps cette corvée, je ne m’en plaignais pas car je sortais souvent (cinéma et autres sorties).

Quand j’ai fini mes études scolaires c’est-à-dire après l’échec du BEPC, mes parents m’ont permis d’aller en école payante pour suivre des cours de sténo-dactylo, cela me plaisait très bien et j’étais dans les premières en note.

Mais naturellement il  y avait la guerre d’Algérie et après avoir obtenu mes diplômes il a fallu être rapatrié en France.

 

Je peux dire que durant la période où j’allais en cours de sténo-dactylo, je me suis très bien amusée, j’ai peut être un peu honte de le dire mais c’est à 17 ans que j’ai commencé à prendre le  bus pour aller en ville me rendre à mes cours. Je me sentais bien, en liberté quoi. Avec une amie Michelle que j’avais on plaisantait en embêtant les garçons qui parfois nous poursuivaient dans leur voiture derrière le bus jusqu’à notre descente de bus et après avec mon amie Michelle on se cachait pour ne pas que les garçons nous suivent. 

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Ces écrits s’arrêtent ici. Peut être poursuivra-t-elle ? Je ne peux le dire aujourd’hui. Je suis allée rendre visite à mes parents pour les vacances de février 2013. Après avoir relancé Maman sur ses souvenirs, elle m’a confié avoir commencé à écrire, soudain ma  curiosité a pris le dessus, j’avais envie de la lire, j’avais un besoin de découvrir son univers passé.

A la fin de la lecture, j’ai évoqué le souvenir de Michelle, son amie d’enfance, pour laquelle j’avais déjà tenté une première recherche, toujours via le site « Oran des années 50″ mais malheureusement à cette période, le message était restée sans réponse. Les années ont passé. Le jeudi de l’Ascension rassemblant chaque année les Pieds-Noirs d’Algérie créant ainsi de nouvelles rencontres entre eux, de nouveaux souvenirs, des anecdotes, je décidais de retenter ma chance auprès du site en relançant ma bouteille à la mer avec un ultime espoir de retrouver Michelle RODRIGUEZ, j’avais sa photo sur ce même site, j’avais une chance de la retrouver.

Je postais donc mon message. Je reçus aussitôt une réponse, le téléphone Pied-Noir était activé et je reçus aussitôt d’autres réponses. Malheureusement mes premières données n’étaient pas totalement justes, je rediscutais avec Maman qui ne se souvenait plus trop bien, puis j’ai retenté. Puis j’ai eu un mail de Norbert qui disait avoir une soeur Michelle, que c’était bien elle qui figurait sur la photo mais que celle-ci malheureusement était partie à l’âge de 44 ans. Lorsque j’ai lu ce message à Maman, elle avait les larmes aux yeux, que faire ? Je décidais de laisser Maman tranquille, dans ses pensées, puis plus tard, je lui dis : « que veux-tu que je fasse ? Je lui téléphone ? » Non elle n’aurait pas su quoi dire. Je lui dis donc qu’en retournant à Lyon, j’appellerai Norbert.

Retour à Lyon quelques jours après, je téléphonais à Norbert, c’est toujours non pas gênant, ni angoissant, ni stressant d’appeler une personne que l’on ne connait pas, je ne saurais dire quel est ce sentiment ressenti à ce moment là. Une joie et une tristesse mêlées ! La joie d’avoir retrouvée la trace de Michelle après des années où ma Mère pensait à elle, me parlait d’elle et apprendre qu’elle n’est plus de ce monde, ne jamais la revoir pour évoquer le passé. Il ne reste effectivement que les souvenirs. Après avoir discuté avec Norbert, je transmis les informations reçues à ma Mère qui restait sans voix. Elle aurait tant aimé revoir Michelle à un jeudi de l’Ascension. Ma Mère fait souvent ce rêve qui la transporte dans sa maison à Maraval, elle est là dans son jardin, au milieu des marguerites, elle revoit sa rue, son école, tout reste bien ancrée dans sa mémoire…

Je pense souvent à mes parents, je pense à tous les Pieds-Noirs partis de cette Algérie Française, qui petit à petit disparaisse, ne laissant derrière eux, aucune trace et d’autres transmettent leur histoire, leurs jeux, les souvenirs des fêtes, de l’école, des colonies et bien d’autres encore.

La nostalgie me gagne, je tiens à transmettre ce passé qui est cher à mon coeur, à mes propres garçons, ils le savent. Ils me posent parfois des questions, auxquelles je peux leur répondre, je leur raconte des histoires vécues en souhaitant qu’un jour ils perpétuent ce passé.

]]> http://oran3644.unblog.fr/2013/04/06/les-souvenirs-de-ma-mere/feed/ 3 1961/62-DES PHOTOS DE LA-BAS http://oran3644.unblog.fr/2010/08/11/196162-des-photos-de-la-bas/ http://oran3644.unblog.fr/2010/08/11/196162-des-photos-de-la-bas/#comments Wed, 11 Aug 2010 19:37:07 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2010/08/11/196162-des-photos-de-la-bas/ image12bis.jpg

J’ai reçu il y a quelques mois un message de Daniel CHAUSSIN, ex-appelé, qui se demandait sur quel site il était tombé, il avait envie de communiquer, j’avais donc décidé de lui répondre, ce que je fis. Par la suite, il me dit avoir des photos du temps de son incorporation pendant la guerre d’Algérie, bien entendu, j’étais heureuse de voir et avoir ces photos par mail. Avec son autorisation, je poste donc les photos de Daniel, sous le titre de : 1961/62-DES PHOTOS DE LA-BAS.

Pour reprendre l’histoire de Daniel, j’ai tout simplement recopié ses mots, ses phrases, afin de ne pas modifier son histoire, je vous laisse donc la lire :

J’ai été incorporé le jour de mes 20 ans en Janvier 1961, et libéré fin Décembre 1962. Les dates que je crois avoir retenues, c’est le 19 Mars 1962, et le 4 Juillet 1962. J’ai de très bons souvenirs, et d’autres atroces. Ces 24 mois se sont répartis en 4 phases et autant d’endroits :

 

-Mostaganem, rien de particulier, chauffeur en service autos.

 

-Aïn Tédéles, chauffeur, encore, au PC bataillon, gros véhicules opérationnels.

-Oran, patrouilles dans le quartier européen, complètement inutiles, jusqu’au 3 ou 4 Juillet 1962, date à laquelle « ponce-pilate-De Gaulle » a tout plaqué et donné des ordres de répression féroces, assisté par Massu et consorts, et que nous avons laissé la place libre. ( la conséquence c’est que les pieds noirs étaient jetés aux chiens)

 

-Aïn Témouchent, en section, caporal, enfer disciplinaire pour cause d’indépendance.

Vous me dites n’en vouloir à personne, mais lors de mon retour, j’étais « intoxiqué » par les évènements vécus, j’ai lu Yves Courrière (historien) et Jean Lartéguy (romancier proche du réel). J’ai tout recoupé, j’ai une idée de l’ensemble de cette période que j’ai retrouvée antérieurement grâce aux récits trouvés chez Yves Courrière. Jean Lartéguy journaliste en Indochine parlait du « mal Jaune », j’étais marqué par le « mal brun ». J’en ai souffert plusieurs années et maintenant encore, mes souvenirs sont très vifs, celui le plus douloureux, c’est le 4 Juillet 1962, sur la terrasse du Lycée Ardaillon. Les équipes de l’ALN qui ont investi le quartier européen, éliminant tout ce qui n’était pas musulman, avec une très grande sauvagerie. Nos officiers et sous officiers ont eu bien du mal à nous contenir, et aucun nous a dit qu’il exécutait les ordres de bon coeur. Cette position à Oran, m’a fait connaitre La Sénia, et Mers El Kébir. Je n’ai pas encore retrouvé toutes mes photos, mais j’ai celles de l’exode à Mers El Kébir. D’Oran, je n’ai de souvenir que de ce Boulevard qui montait jusqu’au Lycée Ardaillon, en passant devant le Lycée Lamoricière où était cantonnée une autre de nos compagnies. Quand je suis revenu chez mes parents, j’ai retrouvé leur appartement de 16m2, je me suis senti petit, j’avais vécu des moments très intenses, j’étais  devenu pro-pieds-noirs. C’est là que je me suis jeté sur la littérature dont je parle plus haut.

Pendant l’une de mes « périodes », à Aïn Tédélès, l’ambiance du petit village prêtait à contacts avec les pieds-noirs. (je n’ai connu aucun arabe scolarisé pendant 24 mois) il y avait des (grandes) jeunes filles qui étaient inquiètes pour leur avenir, et qui regardaient les appelés avec les yeux de Chimène. Un viticulteur qui avait trois filles nous prêtait son garage pour des après midi dansants le Dimanche, avec un oeil à l’extérieur pour prévenir un éventuel attentat. Ils s’appelaient Hernandez, et il y avait sur la place, le petit bistro « Chez Mimile Ramirez », avec Mimile accoudé à son « zinc », pétillant de sympathie.

 

 Pour terminer, je rajouterai ceci : Daniel parle avec son coeur. Jusqu’à présent, j’ai découvert via le net, beaucoup de sites de pieds-noirs relatant leur enfance, leur histoire, la guerre d’Algérie, j’ai vu des photos, des vidéos, j’ai discuté avec des pieds-noirs parfaitement inconnus pour moi, vous avez tous votre histoire, qui est celle de mes parents et l’arrivée de Daniel avec ses souvenirs rejoint notre histoire. Je le remercie donc pour le partage de ses photos et de son récit.

 

 

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BIENVENUE http://oran3644.unblog.fr/a-propos/ http://oran3644.unblog.fr/a-propos/#comments Wed, 19 Nov 2008 16:59:28 +0000 Je suis présente tous les jours sur mon blog, je lis chacun de vos commentaires. Si vous avez des questions concernant certains de mes articles, n’hésitez pas à me laisser votre adresse, je vous répondrais.

Je suis touchée par vos encouragements et cela ne fait que renforcer ma persévérance à continuer ce que j’ai commencé.

Je souhaite enrichir mon blog avec de nouvelles photos d’Oran et de mes ancêtres.

Je tiens à remercier les différents sites qui m’ont permis de mieux comprendre les Pieds-Noirs et de pouvoir ainsi parler avec mes parents de leur passé.

Je vous souhaite une bonne lecture, peut être de retrouver une partie de votre enfance à travers mes écrits et enfin, je vous remercie de votre visite.

Amitiés

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L’ALGERIE DE 1830 à 1962 http://oran3644.unblog.fr/2008/03/08/lalgerie-de-1830-a-1962/ http://oran3644.unblog.fr/2008/03/08/lalgerie-de-1830-a-1962/#comments Sat, 08 Mar 2008 13:25:20 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2008/03/08/lalgerie-de-1830-a-1962/ J’ai longtemps réfléchi avant la parution de cet article et je demanderais à toutes les personnes qui me déposent un commentaire qu’elles le fassent objectivement. Certaines descriptions ou certaines phrases peuvent choquer, peuvent paraitre incompréhensibles, je suis à votre disposition pour y répondre. Je n’attaque personne, je veux seulement connaitre la vérité ET la faire connaitre à d’autres désireux de savoir. Trop d’actes restent cachés ; bien souvent la communauté pied-noir passe pour être responsable de cette guerre d’Algérie, c’est FAUX, totalement FAUX, les pieds-noirs ont subi, ils ont été trompés, ils ont cru en leur futur président qui n’a rien fait pour les sauver, bien au contraire.

Sachez que tous les commentaires déposés sont lus et si vous souhaitez une réponse, je le ferais, il vous suffira de revenir sur votre commentaire pour voir ma réponse.

L’ALGERIE DE 1830 à 1962

Ils sont partis contraints et forcés pour sauver leur vie, ils n’avaient pas le choix. Beaucoup trop de disparus, beaucoup trop de victimes, beaucoup trop d’êtres mutilés, beaucoup trop d’innocents restés là-bas, qu’ils soient femmes, enfants, hommes et personnes âgées ; ils n’avaient pas le droit de leur ôter la vie, de leur faire subir des atrocités que, nous, enfants de pieds-noirs, sommes loin d’imaginer.

L’histoire des pieds-noirs, elle aurait pu être belle, elle aurait pu faire partie des livres d’histoire de nos écoliers, au lieu de cela, elle est cachée, elle est tue, elle est à semi-dévoilée. Qui mieux que les pieds-noirs peuvent la raconter ? En tant que fille et petite fille de pieds-noirs, je vais essayer de vous la conter, avec la participation de ma famille, d’amis pieds-noirs et de toutes les sources glanées sur le web.

De 1830 à 1848, l’Algérie était une colonie française. Durant toute cette période, des combats ont eu lieu, avec plusieurs pertes d’hommes d’un côté comme de l’autre. L’Algérie devient alors partie intégrante du territoire français. Le gouvernement envoie des Français peupler l’Algérie. Ils doivent cultiver la terre, récolter des céréales, planter des légumes, des fruits, le sol peut être riche, le climat est bon pour l’agriculture. Les pays alentours, tel que l’Espagne, l’Italie, la Corse sont attirés par l’Algérie, ils viennent dans un premier temps pour explorer le pays, voir sa richesse, puis décide de faire venir leur famille sur ce sol nouveau. Les espagnols sont réputés pour être de bons travailleurs, autant les hommes que les femmes qui ne rechignent pas à la tâche ménagère. Je tiens à rajouter un détail extrêmement important : ce ne sont pas les pieds-noirs qui ont colonisé l’Algérie, c’est le gouvernement français de l’époque de 1830, les pieds-noirs sont seulement venus s’installer sur cette nouvelle terre, enfin autrefois, ils n’étaient pas encore pieds-noirs, ils étaient des étrangers, des Européens.

Certains Français ne supportant pas leur nouvelle vie, repartent en France, d’autres meurent de maladies comme le typhus, la malaria, le paludisme… ; il faut dire qu’à l’époque, il fallait tout bâtir, le travail était dur, il n’y avait pas ces machines ultra-modernes, non tout devait être fait à la main. Ces premiers habitants ont transformé le pays par la création de routes, d’écoles, de commerces tels que les pharmacies, les boulangeries…, les hôpitaux, l’arrivage de l’eau courante dans les maisons.Un petit bout de France se construit par-ci, par-là. Beaucoup d’hommes s’engagent dans l’armée française, signant sans cesse leur renouvellement et cela jusqu’à leur retraite. Entre temps, la guerre 14/18 s’impose plus que jamais, la France a besoin d’hommes, elle recrute dans tout le pays, que l’homme soit Français ou Algérien, il doit avant tout être Français et s’il ne l’est pas, il faudra obtenir la nationalité. Pour l’obtention de cette nationalité, une étude était menée sur le sujet demandeur : quelles étaient ses motivations, son sentiment vis à vis de la France, quelle existence il menait, ses relations, sa famille, son salaire, tout était extrêmement étudié. Enfin, la nationalité étant accordée à ces valeureux, les voilà partis faire le sale travail, comme on dit trop souvent.

Je vous cite l’exemple de mon grand oncle Joseph, pour lequel j’ai déjà écrit plusieurs articles. Né en Espagne en 1886, naturalisé Français en 1914, il part pour la Macédoine défendre la France, en disant à sa famille : pas de soucis, je reviendrais et cette guerre finira bien et bientôt. Il n’est jamais revenu, il est resté là-bas, sur une terre inconnue, comme tant d’autres, une fois de plus, l’exode est là ! Mon grand-père paternel a fait ses campagnes contre l’Allemagne du côté de Mulhouse, Vaux Chapitre, et le Bois des Loges. Mon grand-père maternel avait à peine deux ans quand la guerre a commencé. Enfin, tous ces hommes sont partis en chantant : c’est nous les Africains… certains avaient la peur au ventre mais pour défendre leur patrie, ils auraient donner leur vie et c’est ce qu’ils ont fait, les rescapés revenus sont meurtris, blessés, traumatisés ; qu’allait être leur vie après ça ? Malgré leurs blessures de guerre, il fallait travailler pour vivre, pour nourrir sa famille et travailler de leurs mains, à la sueur de leur front, faire un travail épuisant, harassant, tout cela pour gagner quelques francs par jour, une véritable misère ! Il faut se relever après cette grande guerre et donc construire le pays.

Arrive l’époque de nos parents, nés dans les années 1930/1940, la France occupe toujours l’Algérie, la guerre 14/18 est finie depuis longtemps mais la seconde guerre mondiale se profile à l’horizon entrainant de nouveaux départs pour le front. 16 % de la population algérienne part sauver la France, ce pourcentage étant bien plus important que celui de la métropole. De nouveau, les restrictions alimentaires, le couvre-feu, c’est à ce moment là qu’est parti mon grand-père maternel pour le Liban : quel est le rapport avec la France ? Je me le demande bien !

Nos parents grandissent et profitent de chaque instant, de chaque jour qui passe, ce sont leurs plus belles années. Ils découvrent la France par les livres à l’école, par les colonies de vacances qui se déroulent dans le Sud de la France, tout est fait, tout est dit pour embellir la France à leurs yeux. Et pourtant la bonne entente règne entre les deux communautés musulmanes et européennes, les coutumes sont différentes mais respectées de part et d’autre.

Les premières menaces contre le peuple pied-noir débutent en 1954. Il s’ensuit des assassinats d’hommes, de femmes, d’enfants, les attentats se multiplient : un pied-noir sort dans la rue, un algérien surgit, lui tranche la gorge et le laisse là, en train de se vider de son sang. Combien d’entre vous ont vécu ce genre de scène ? Des bébés, des nourrissons jetés avec une violence inouïe contre un mur afin de leur éclater le crâne, des enfants torturés, découpés, pendus à des crochets de boucherie afin qu’ils se vident de leur sang ! Pouvez-vous imaginer une telle scène ? Ce n’est pas un film, c’est la réalité telle qu’elle s’est déroulée sous leurs yeux, sous les yeux de mes parents, de leurs parents.

Et l’armée française dans tout ça, que fait-elle ? Le gouvernement ne sait plus ! Il tergiverse ! Il hésite ! Là aussi, que se passe-t-il ? Mai 1958, De Gaulle vient parler sur le territoire Algérien : son discours l’entraine tout en haut de l’échelle, pieds-noirs et musulmans réunis votent pour lui malgré les menaces du FLN contre le peuple musulman. Tous ont voté pour une Algérie Française mais une fois au pouvoir, De Gaulle retourne sa veste et trahit l’ensemble du peuple Algérien ; de ce fait, le FLN est libre de toute action sur le peuple pied-noir, l’armée française a pour ordre de ne plus défendre les européens et les musulmans favorables à l’Algérie Française et même plus de tirer sur les pieds-noirs, abattant ainsi des français ! C’était le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger !

Je parle là bien entendu des atrocités qu’ont subi les pieds-noirs mais ils ne sont pas restés là à attendre les bras croisés, eux aussi se sont battus pour défendre leur vie, eux aussi ont dû tuer pour survivre, pour protéger leur famille. Ils décident de se défendre et rejoignent l’OAS pour leur survie. L’armée française les ayant tout simplement abandonné à leur sort et ce d’autant plus que les barbouzes et les gardes mobiles étaient de connivence avec le FLN.

Quelques mois plus tard, un message est diffusé à la radio : ce message s’adresse à la communauté pied-noir qui doit choisir entre « la valise ou le cercueil. »

Là, pas le temps de se poser des questions, pas le temps de prévoir un déménagement, pas le temps d’aller à la banque pour retirer l’argent, chacun emporte avec lui ses souvenirs : photos de famille, photos des jours heureux, un livre, un cahier, un jouet, un cadre, une clé de maison, quelques vêtements, on ne sait pas quel temps il fait de l’autre côté de la Méditerranée. Direction la Sénia, embarquement par avion ou par bateau pour tous ceux qui y arriveront car là beaucoup de vies humaines vont disparaître de cette terre, envolées, on ne trouvera jamais leurs corps, que sont-ils devenus ? Puis, même à bord du bateau, nos parents n’étaient pas sauvés pour autant ! Des hommes armés montés à bord, choisissaient quelques personnes et voulaient les faire redescendre à terre ! Le commandant du bateau intervenait en leur faveur, les hommes armés redescendaient du navire et le commandant donnait l’ordre aussitôt de partir. Sans l’intervention de ces commandants de bateau, ces personnes ne seraient pas parmi nous aujourd’hui.

Les voilà tous à bord du bateau, regardant au lointain, la baie d’Oran disparaitre dans un nuage de fumée, à bord de l’avion, survolant la mer et la ville d’Oran où règne la cacophonie. Mais leur histoire ne s’arrête pas là ! Ils sont arrivés en France, accueillis comme des criminels, comme des moins que rien, leurs bagages encombrants stockés dans des containers avaient été largement trempés dans l’eau de mer, le peuple Français leur a tourné le dos, le gouvernement Français leur a tourné le dos ! Quel accueil chaleureux de la part du maire Gaston Deferre qui accueille des familles entières qui ont tout perdu par cette phrase ignoble : « que les pieds-noirs aillent se réadapter ailleurs ! »

Le Mur des Disparus en Algérie a été inauguré le 24 et 25 novembre 2007, sur ce Mur, sont notés 3192 noms de personnes. Ainsi pour tous ceux qui ont un être cher disparu pendant les évènements, ils ont enfin un lieu de recueillement et un hommage leur a été rendu.

Enfin, le gouvernement français n’est pas tout blanc dans toute cette histoire, c’est pourquoi la vérité sur la guerre d’Algérie reste encore trop longtemps cachée ; elle se dévoile peu à peu malheureusement lorsqu’un film documentaire concernant l’Algérie Française passe sur les ondes, celui-ci est diffusé à une heure tardive de la nuit ! Qui va regarder ? Qui va écouter ? Où est la bande annonce qui va attirer l’audimat !

Enfin et pour finir, un petit mot pour rendre hommage également aux 150 000 harkis qui se sont battus au côté des pieds-noirs et qui ont été livrés cruellement au FLN.

Alors l’histoire des pieds-noirs est peut être compliquée à comprendre tout simplement car aucun livre digne de ce nom, ne relate l’histoire telle qu’elle a été vécue par les pieds-noirs eux mêmes.

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ORAN TOUT SIMPLEMENT http://oran3644.unblog.fr/2007/08/31/oran-tout-simplement/ http://oran3644.unblog.fr/2007/08/31/oran-tout-simplement/#comments Fri, 31 Aug 2007 19:53:26 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/08/31/oran-tout-simplement/ Bonjour,

Me revoilà sur les ondes pour de nouvelles aventures concernant mes ancêtres et mes recherches sur le passé de cette Algérie Française.

Je voudrais faire connaître au monde entier qui sont les pieds-noirs. Non, ce ne sont pas des gens sans coeur, bien au contraire. Lorsque je croise au détour des chemins des gens de là-bas, je les reconnais, simplement par leur accent, cet accent que vous avez su garder et qui sait enchanter notre journée.

Je voudrais vous dédier une poésie à ma façon, vous dire combien j’apprécie le travail de chacun d’entre vous, exprimer par le biais de ce blog, toute ma reconnaissance, à chacun, pour votre aide.

A Toi, terre natale de mes Parents
A Toi, terre natale de ces Enfants
Existes-Tu encore ici ou ailleurs
Tu existeras toujours dans leurs coeurs

Non Tu n’as pas sombré dans l’oubli
Pour Celui qui revient au pays
Ton pouvoir de beauté est présent
Te revoir comme autrefois reste un rêve d’enfant !

Le passé ressurgit en plein coeur
Souvenirs d’enfance, souvenirs de bonheur
Pour un petit coin de Paradis
A Toi, Oran de mon Algérie

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LA MOUNA ou LA MONA http://oran3644.unblog.fr/2007/03/25/la-mouna-ou-la-mona/ http://oran3644.unblog.fr/2007/03/25/la-mouna-ou-la-mona/#comments Sun, 25 Mar 2007 11:57:55 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/03/25/la-mouna-ou-la-mona/ LA MOUNA

Ingrédients :

  1. - 1.500 kg de farine
  2. – 300 gr. de sucre
  3. - 1 paquet de sucre vanillé
  4. - 1/4 l. d’huile – 1 verre à liqueur de rhum
  5. - 1 zeste de citron
  6. - 2 zestes d’orange + leur jus
  7. - 4 oeufs entiers
  8. - 100 gr de levure de boulanger fraiche.

 

Préparation :

Dans un bol, mettre un peu d’eau chaude avec 100 grammes de levure et un peu de farine.

Pendant ce temps là, mettre dans un grand saladier, les zestes d’orange, le zeste du citron et le jus des oranges, le verre de rhum, l’huile, le sucre, les oeufs un à un en battant bien entre chaque oeuf, le sucre vanillé, la levure délayée dans l’eau tiède. Bien mélanger à l’ajout de chaque ingrédient. Puis petit à petit, verser la farine dans ce mélange, toujours en remuant, quand la pâte commence à se former, rajouter la farine petit à petit, de sorte que l’on puisse pétrir la pâte, et que celle-ci ne reste pas collée aux mains,

ATTENTION LA PATE DOIT TOUT DE MEME COLLER MALGRE TOUT C DIFFICILE MAIS REALISABLE

Laisser  la pâte reposée pendant 8 heures, au chaud, personnellement, je mets ma pâte dans une bassine, que je recouvre d’un drap et d’une couette, je place le tout près du radiateur.

Après ce temps de pause de 8 heures, reprendre la pâte, former des boules que l’on pétrit de nouveau, former une boule que l’on badigeonne de jaune d’oeuf, former une croix avec la paire de ciseaux au centre de la mouna, casser des morceaux de sucre dans un linge, et déposer les morceaux de sucre cassé sur la mouna.

Préchauffer le four à 180°; enfourner pendant 10 min à 180° et 30 min  à 160°. Piquer la mouna au centre voir si la pâte est bien cuite.

Sortir les mounas du four, les laisser refroidir. Pour les conserver, je prends des sacs en plastique au rayon des fruits et légumes, je mets une mouna par sachet. Elles gardent ainsi toute leur saveur, comme celles que préparaient ma mère quand j’étais enfant !!!

Laissez reposer la mouna au moins une journée pour mieux l’apprécier le lendemain.

Il faut savoir que chacun d’entre nous, a sa propre recette ; j’ai fait un petit mélange de celle-ci avec celle de ma maman. Sur celle-ci, il est en principe utilisé 125 gr. de beurre, je le remplace par l’huile d’arachide. Je dois aussi vous dire que c’est la première fois que je la réussie, et pourtant j’essaie depuis 1990, mais à chaque essai, ma pâte a fini à la poubelle. Pas cette fois, je suis très fière car c’est pour moi, un pas de plus vers mes origines pieds-noirs !

Je vous invite pour le goûter !

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SAINT EUGENE http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/ http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/#comments Tue, 09 Jan 2007 22:41:59 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/ Voilà, cela vous paraitra long à lire mais les souvenirs d’enfance restent toujours aussi émouvants, qu’ils soient personnels ou pas, que l’on connaisse la personne ou qu’elle nous soit complètement étrangère. J’ai tenu ici à retranscrire l’enfance passée de mon père, né en 1936 à Saint-Eugène. Les photos et dessins sont à venir.

SAINT EUGENE

Je suis né à Saint Eugène, quartier d’Oran, bd Vauchez. J’habitais une grande maison ; dans le jardin, tout aussi grand, il y avait un olivier, un oranger avec des oranges amères et un très grand figuier. Mon père faisait le jardinage : il cultivait différents légumes, des salades et des tomates. Ma mère s’occupait des fleurs : des roses, des arums, des marguerites, des géraniums et bien d’autres variétés. Au moment de la fête des mères, les gens venaient et nous achetaient des fleurs. On avait aussi une vigne grimpante qui donnait de très gros grains de raisins qu’on mettait en bocal avec du rhum. On possédait également des poulaillers, deux chiens que l’on attachait dans le jardin et des lapins.

De temps en temps, on voyait des caméléons dans le jardin. Souvent, j’en attrapé un et je lui faisais fumer une cigarette ; un jour, le caméléon m’a attrapé le doigt, pour qu’il me lâche, il a fallu lui couper la tête mais lui m’avait arraché un morceau de doigt depuis je n’ai plus jamais touché au caméléon.

Un jour, on a eu une invasion d’énormes sauterelles. On a alors pris des seaux plein d’eau, on mettait les sauterelles dedans et on donnait le tout aux poules qui se régalaient.

5 ans avant l’indépendance, il y a eu une invasion de rats dans notre jardin. Ils venaient manger nos poules et nos pigeons. Il y avait derrière chez nous, un terrain vague où s’entassaient des épaves de voitures, les rats provenaient de là. Avant de partir au travail, à 1 heure de l’après-midi, avec la carabine, j’en tuais quelques-uns et le soir, je recommençais.

A 8-10 ans, je rendais quelques petits services aux américains et eux en échange, nous donnaient des cigarettes.

Après la fin de la guerre avec l’Allemagne, ma mère et moi allions au village nègre (c’était le quartier arabe). On trouvait de tout là-bas, on l’appelait aussi le marché noir.

A 10-13 ans, avec les copains, on fabriquait des « caricos », c’était une planche en bois, dessous il y avait deux roulements à l’arrière et un devant, puis un bois à l’avant qui servait à diriger l’engin.

DESSIN DU CARICO A VENIR

Avec cette planche, on allait chercher de l’herbe pour les lapins, ou encore on allait à la caisserie, l’usine à bois, remplir des sacs de sciure pour se chauffer l’hiver. On avait un fût qu’on remplissait de sciure, au milieu de ce fût, il y avait un manche en bois d’une pioche, sur le côté des trous pour laisser passer l’air, on enlevait le manche en bois et on allumait le feu par le bas, c’était notre chauffage.

DESSIN DU FUT A VENIR

A 12 ans, je ramassais les figues, après les avoir peser, j’allais les vendre. Au début, c’était dur puis peu à peu, j’ai eu ma propre clientèle. Je vendais environ 16 kg de figues deux fois par semaine, ainsi que les oeufs frais de nos poules. Après sa retraite, mon père était gardien le soir dans une usine ; il a ensuite arrêté et s’est fabriqué une charrette pour aller vendre des petits pots de basilic et du piment de Cayenne les jours de marché. Quand il rentrait à la maison, il nous disait : « c’est des français qui m’achètent le basilic ». A Saint-Eugène, il y avait la cité des français de métropole. Ils lui achetaient du basilic pour le mettre dans leur soupe.

Dans notre quartier, on se connaissait presque tous ! En face de chez nous, il y avait le bar François, à côté le coiffeur, après le bar Martinez, Lola la marchande de journaux, un peu plus haut le cinéma l’Alhambra. En face, il y avait aussi un magasin qui vendait des glaces, des torraïcos (pois chiche grillé) et des tramousses (lupins) et le bar Bonillo.

A Pâques, les gens venaient faire cuire leur mounas à la boulangerie, à cette époque, nous n’avions pas de four.

J’ai fréquenté beaucoup de quartiers où j’ai travaillé par la suite : Gambetta, Carteaux, Victor Hugo, Delmonte, le Plateau, le quartier de la Marine (c’était le vieux quartier d’Oran).

Notre moyen de locomotion à l’époque, c’était la marche : j’accompagnais ma mère au cimetière Tamashouet. On allait à l’école, pêcher au port, au centre ville, toujours à pied. Le samedi soir, nous allions au cinéma qui se situait au centre ville. On rentrait à 1h30 du matin et on prenait les cannes à pêche puis on repartait. On rentrait le dimanche après-midi vers 13 h – 14 h et à 7 heures du soir, on était de nouveau dehors.

A 14 ans, j’ai eu mon vélo. On allait pêchait à Ain Franine (c’était sur la côte sauvage) avec les copains. On allait même jusqu’à Arzew, à 40 km d’Oran, le soir on était crevé.

J’ai eu mon premier contrat de 3 ans dans un atelier de mécanique, il y avait également avec moi un jeune du quartier Victor Hugo qui travaillait avec moi. Je le revois de temps en temps, aujourd’hui, il habite à Hyères. L’entreprise où je travaillais s’appelait l’entreprise Raveau. Ils étaient 4 frères, ils travaillaient toujours très tard dans la soirée. On nous apportait des villebroquins de bateau complètement usés et eux les retapaient à neuf. Il n’y avait qu’eux pour faire ce travail de métallisation dans tout Oran. D’ailleurs, c’est grâce à eux que j’ai appris à travailler.

J’allais à l’école de Delmonte qui était à 1 km de la maison. On n’était pas des anges et à la récréation, il y avait souvent des bagarres, si bien que lorsqu’on rentrait en classe, l’instituteur faisait pousser les bureaux, et les deux élèves qui se battaient en récré, remettaient ça devant les élèves et l’instituteur. Moi, je n’ai jamais aimé l’école.

Il y avait à côté une église avec le patronnage. Monsieur Henri s’occupait du patronnage, il faisait office de prêtre. C’est là que l’on jouait au petit drapeau, on faisait des sorties à la campagne, toujours à pied.

Pour la Pentecôte, on allait à Santa-Cruz, c’est la montagne qui se trouve au pied du quartier de la marine. C’était haut : les gens montaient soit à pied, soit à genoux pour prier et voir la Vierge. Toute la population faisait ce pélerinage. Il y avait aussi un château fort.

Quand il y a eu la peste à Oran, beaucoup sont morts puis un jour tout s’est arrêté : je ne me souviens plus en quelle année mais les gens avaient descendu la Vierge et la promenaient dans toutes les rues, les balcons étaient maculés de drap blanc et de bougies allumées : voir le livre d’Albert Camus sur la peste.

A 17 ans, j’avais une certaine liberté. Le vendredi soir, on sortait avec les copains, on faisait la tournée des différents bars : on mangeait de la rate farcie (merza), des rognons blancs, des merguez, du foie ou du coeur. Presque tous les bars possédaient un barbecue, chacun préparait sa kémia (différentes entrées) et les gens s’attablaient à l’intérieur ou à l’extérieur du bar.

Quand tu commandais à boire (anisette), on te servait aussi une assiette de kémia (escargots en sauce piquante, olives, cacahuètes, etc…). On était une bande de 7 à 8 copains alors, à tour de rôle, on payait notre tournée, si bien que le soir, je ne rentrais pas souper à la maison.

A 18 ans, je me suis acheté une motobecane 125 culbutée. On partait à 4 h du matin placer des pièges pour attraper les oiseaux : grives, alouettes. On posait plus de 350 pièges (piège de fourmies à ailes ou des verres de farine). Avec mon frère René, on attrapait les chardonnerets au filet mais il fallait aller assez loin. Au début, on faisait cela à vélo c’était dur mais après avec la moto, cela s’est beaucoup amélioré.

PHOTO DE LA MOTO A VENIR

Après le départ des américains, à la fin de la guerre, on allait à leur emplacement. Ils avaient creusé des trous en forme d’entonnoir, d’une circonférence d’au moins 15 m, d’une profondeur de 8 à 10 m. Pour descendre au fond de ces trous, on se laissait entraîner par la vitesse, c’est elle qui nous maintenait debout. En bas, c’était pleins de serpents, des petits qui étaient mortels et des couleuvres. On les attrapait soit pour leur couper la tête ou alors on en lâchait quelques uns dans le quartier sur la route.

Le soir, on s’amusait à Burro flaco : deux groupes de 6 par exemple : il fallait se mettre l’un derrière l’autre, en position du cheval d’Arson, le second tenant le pantalon du premier et ainsi de suite. Le deuxième groupe devait sauter sur le dos du premier et ainsi de suite jusqu’à ce que tout s’écroule.

Si vous souhaitez voir un exemple de ce jeu, visiter le site suivant : tout en bas de la page, vous avez une vidéo du jeu BURRO FLACO

http://danmarlou.free.fr/jeux.htm

On allait aussi chez Dédé Camensouli. Avec les copains, on avait formé un groupe de musiciens : le groupe BATI BATI : Dédé jouait de la batterie, Roger de l’harmonica, moi j’avais les maracas et le tambourin quelquefois. Notre groupe jouait sur les plages d’Ain El Turck et Damesme. Un an plus tard, un ami nous rejoint pour jouer de l’accordéon. Notre groupe jouait un peu partout.

Le soir, vers 18 heures, en face de la maison, devant le bar, on achetait des sardines fraîches que l’on mangeait de suite. Ainsi, il y avait toujours du monde à la maison.

A la fin de mon service militaire, je me suis achetée une autre moto, la première c’était une motobécane 125 culbutée, vitesses au pied. La deuxième c’était une moto anglaise : Royal Enfield 250, mon copain Jeannot Roca avait une 500 Triumph, les autres c’était la voiture.

ROYAL ENFIELD 250 A VENIR

Le soir, après le couvre-feu, on n’avait plus le droit de sortir mais le vendredi soir, on allait au cabanon au frère à Tari au genêt, il y avait des dunes de sable, et là on jouait aux cartes.

Vers 1 heure du matin, on ramassait des crevettes ou on pêchait. On ne rentrait chez nous que le dimanche soir, toujours après le couvre-feu. Les motos partaient les premières, les voitures nous suivaient, cela arrivait que l’on croise des barrages mais on les semait aussitôt. Un soir, qu’on rentrait moteur et feux éteints, je restais devant la porte de chez moi et ne bougeait plus, mon copain qui habitait un peu plus bas, s’était fait arrêter au croisement par une patrouille de gendarmes accompagnés d’arabes du FLN. Ils l’ont fait descendre de voiture et l’ont tabassé, je suis resté en retrait et suis rentré discrètement chez moi.

Derrière chez nous, il y avait aussi un terrain de boules, souvent on allait jouer aux boules ou aux cartes. Au mois de mars, on pêchait des sacs pleins de saupes en compagnie de personnes plus âgées que nous, avec comme appât un grain de mandarine.

Quelquefois aussi, on allait pêcher jusqu’à Mostaganem (à 90 km d’Oran), dans un coin qui s’appelait Lastidia.

Toujours derrière chez nous, sur le terrain vague, il y avait une tonnelerie qui fabriquait de gros tonneaux pour le vin. Quand le patron était absent, on montait sur les fûts et on les faisait rouler. On s’amusait ainsi mais un jour, je suis tombé et me suis cassé la jambe droite. A la maison, on avait une balançoire fixée sur le figuier, ma soeur Clémence m’avait poussé un peu trop fort, je suis parti dans les airs et en tombant j’ai eu une nouvelle fracture toujours de la jambe droite. Une après-midi, il y a eu une forte explosion dans l’atelier de mécanique qui se situait à côté de chez nous. Une bouteille de gaz avait explosé, le patron a eu le visage brûlé ainsi que mon frère Joseph qui avait été brûlé sur tout le corps.

J’ai profité de ma jeunesse, j’ai vécu à 100 % les plus belles années de ma vie puis est venue l’indépendance de ma terre natale où contraint et forcé j’ai dû prendre l’avion le 4 juillet 1962 pour arriver à Marignane.

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ORAN VILLE DE MON ENFANCE http://oran3644.unblog.fr/2006/10/29/3/ http://oran3644.unblog.fr/2006/10/29/3/#comments Sun, 29 Oct 2006 12:12:45 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2008/11/19/3/ Je suis fille de pieds noirs et à mon tour, je voudrais m’exprimer sur les sentiments de chacun face à cette Algérie qui fait partie intégrante de leur vie, de leurs souvenirs. Je sens la douleur, la nostalgie, la tristesse de cette Algérie blessée à travers les récits de chacun d’entre vous et pourtant je me sens moi-même pied-noir alors que je suis née à Lyon. Quoi de plus beau que les souvenirs d’enfance. Autrefois, la ville était vivante, vivante des commerçants ambulants qui ont été remplacés par toutes ces devantures, vivante par le sourire des gens croisés dans la rue, vivante car l’indifférence n’existait pas.

Chaque jour, je découvre des articles intéressants sur cette vie passée et j’aimerais tant que mes parents, eux aussi, redécouvrent cette Algérie, retrouvée par d’autres pieds-noirs dont la nostalgie leur fait retrouver une trace de leur passé. Mais voilà, le passé est trop proche, les souvenirs de l’indépendance trop douloureux, la guerre a été rude des deux côtés, trop de morts et d’injustice pourquoi ? pour qui ?

Mes parents pensent souvent à leurs amis et je voudrais aujourd’hui leur dédié ce blog, j’espère le compléter et le rendre vivant autant que possible.

Amicalement.

Valérie

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