Pour que le souvenir reste » Résultats de recherche » souvenirs mere http://oran3644.unblog.fr Que notre histoire demeure à jamais dans nos coeurs !!! Sat, 06 Apr 2013 22:01:28 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.7.5 Les souvenirs de ma Mère http://oran3644.unblog.fr/2013/04/06/les-souvenirs-de-ma-mere/ http://oran3644.unblog.fr/2013/04/06/les-souvenirs-de-ma-mere/#comments Sat, 06 Apr 2013 22:01:28 +0000 http://oran3644.unblog.fr/?p=467 Après quelques années de silence mais toujours à l’écoute des livres, photos, documentaires, ou commentaires déposés sur mon blog, je vous invite à découvrir les souvenirs de ma Mère. Je me permettrais de poursuivre sur ses dernières phrases écrites, suite à de nouvelles informations reçues via le site de « Oran des années 50″ que je remercie par avance. Ma mère ayant noté ses premiers écrits dans un cahier, j’ai retranscrit mot à mot ses dires.

Valérie

LES SOUVENIRS DE MA MERE

Dans ce cahier vont se dérouler toutes les étapes dont je me souviens sur ma vie.

Naturellement, date de naissance : le 24 février 1944

De vraiment bébé, je ne me rappelle pas grand-chose à part que mon père par inadvertance (en ce moment ma mère était malade) m’a intoxiqué avec un biberon de lait et il a fallu que je boive du café noir (mais ceci, c’est ce que j’ai entendu me dire)

 

Ensuite vint les années scolaires où je fus quand même une élève disons d’un niveau assez bon (surtout en math et en français). Je me souviens déjà petite lorsque j’allais au cours élémentaire, 2ème année (CE2) je fus un jour renversée par la voiture de ma maitresse, mais c’était un peu ma faute car je sortis en courant de la cour d’école dans la rue. Ce ne fut rien de grave, que de la  peur. Ce dont je me souviens de cette maitresse (Mme Rigal) c’est qu’elle nous punissait  assez sévèrement (règle sur le bout des doigts) et en plus nous sortait des surnoms ce qui ne plaisait toujours pas. Enfin on finit par oublier.

J’ai redoublé mon CM2 car échec à l’examen d’entrée en 6ème.

Puis  de la 6ème à la 3ème, tout s’est bien déroulé au point de vue niveau scolaire, beaucoup de timidité de la primaire jusqu’en 4ème. Et je me suis disons un peu dissipée en 3ème sans nuire à ma  scolarité. Mais le jour  du BEP, de nos jours BEPC, nouvel échec à l’oral vue ma timidité impossible de sortir un mot devant les professeurs qui  m’interrogeaient. Je ne regrette rien au niveau études car aujourd’hui encore tout ce dont j’ai appris durant ma jeunesse me sert actuellement pour pouvoir guider mes enfants (5) dans leurs études, du moins  jusqu’en 3ème.

Au point de vue amusement, cela s’est bien déroulé, j’avais mes amies avec lesquelles nous passions d’agréables moments à divers jeux d’enfants. Et comme certains enfants j’allais en colonie de vacances durant les périodes de vacances scolaires en été. J’ai été deux années de suite à Aïn El Turc en Algérie (9 et 10 ans) et de 11 à 15 ans en colonie en France avec les religieuses. Pour moi ce fut mes meilleurs moments même à l’époque d’aujourd’hui, il m’arrive encore de m’imaginer l’endroit de mes vacances du côté de Castres dans un grand château au milieu de forêts, ruisseaux, verdures, bref tout cela était un  enchantement à ne point  oublier. Il  m’arrive même la  nuit dans mes rêves de me retrouver dans ce site merveilleux.

J’ai fait mes communions privée et solennelle puis ma confirmation puis j’ai continué à aller à la messe le dimanche jusqu’en 1962 date de mon rapatriement en France. Je ne sais pour quelle raison, j’ai arrêté nettement la cérémonie de la messe du dimanche peut être par timidité car je ne connaissais personne en France ou seulement par paresse. Mais toujours est-il que j’ai gardé la foi catholique et c’est ce que j’essaie d’enseigner à mes enfants malgré la réticence de mon mari à ce sujet.

Toutes les années où mes vacances se passaient en France, il se trouvait un  moment où pendant 4 à 5 jours, nous allions toute la colonie faire un séjour à Lourdes, lieu de prière. Cela aussi pour moi fut d’une grandiose beauté surtout les processions nocturnes. Où sont passées ces belles années ? Loin très loin derrière ! Mais il reste les souvenirs et c’est formidable.

J’avais 16 ans quand  ma sœur Raymonde s’est mariée. Et déjà je connaissais celui qui allait être mon futur mari. Mais en ce moment, je ne pensais point du tout à lui. Il faut vous dire que mon beau frère et mon mari sont des amis d’enfance ; ils étaient du même quartier, et naturellement quand ma sœur a fréquenté son futur mari, c’est là que j’ai connu Claude car avec mes parents chaque fois que ma sœur sortait avec son fiancé,  il fallait emmener la petite sœur derrière elle, et c’est moi qui en avait la plupart  du temps cette corvée, je ne m’en plaignais pas car je sortais souvent (cinéma et autres sorties).

Quand j’ai fini mes études scolaires c’est-à-dire après l’échec du BEPC, mes parents m’ont permis d’aller en école payante pour suivre des cours de sténo-dactylo, cela me plaisait très bien et j’étais dans les premières en note.

Mais naturellement il  y avait la guerre d’Algérie et après avoir obtenu mes diplômes il a fallu être rapatrié en France.

 

Je peux dire que durant la période où j’allais en cours de sténo-dactylo, je me suis très bien amusée, j’ai peut être un peu honte de le dire mais c’est à 17 ans que j’ai commencé à prendre le  bus pour aller en ville me rendre à mes cours. Je me sentais bien, en liberté quoi. Avec une amie Michelle que j’avais on plaisantait en embêtant les garçons qui parfois nous poursuivaient dans leur voiture derrière le bus jusqu’à notre descente de bus et après avec mon amie Michelle on se cachait pour ne pas que les garçons nous suivent. 

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Ces écrits s’arrêtent ici. Peut être poursuivra-t-elle ? Je ne peux le dire aujourd’hui. Je suis allée rendre visite à mes parents pour les vacances de février 2013. Après avoir relancé Maman sur ses souvenirs, elle m’a confié avoir commencé à écrire, soudain ma  curiosité a pris le dessus, j’avais envie de la lire, j’avais un besoin de découvrir son univers passé.

A la fin de la lecture, j’ai évoqué le souvenir de Michelle, son amie d’enfance, pour laquelle j’avais déjà tenté une première recherche, toujours via le site « Oran des années 50″ mais malheureusement à cette période, le message était restée sans réponse. Les années ont passé. Le jeudi de l’Ascension rassemblant chaque année les Pieds-Noirs d’Algérie créant ainsi de nouvelles rencontres entre eux, de nouveaux souvenirs, des anecdotes, je décidais de retenter ma chance auprès du site en relançant ma bouteille à la mer avec un ultime espoir de retrouver Michelle RODRIGUEZ, j’avais sa photo sur ce même site, j’avais une chance de la retrouver.

Je postais donc mon message. Je reçus aussitôt une réponse, le téléphone Pied-Noir était activé et je reçus aussitôt d’autres réponses. Malheureusement mes premières données n’étaient pas totalement justes, je rediscutais avec Maman qui ne se souvenait plus trop bien, puis j’ai retenté. Puis j’ai eu un mail de Norbert qui disait avoir une soeur Michelle, que c’était bien elle qui figurait sur la photo mais que celle-ci malheureusement était partie à l’âge de 44 ans. Lorsque j’ai lu ce message à Maman, elle avait les larmes aux yeux, que faire ? Je décidais de laisser Maman tranquille, dans ses pensées, puis plus tard, je lui dis : « que veux-tu que je fasse ? Je lui téléphone ? » Non elle n’aurait pas su quoi dire. Je lui dis donc qu’en retournant à Lyon, j’appellerai Norbert.

Retour à Lyon quelques jours après, je téléphonais à Norbert, c’est toujours non pas gênant, ni angoissant, ni stressant d’appeler une personne que l’on ne connait pas, je ne saurais dire quel est ce sentiment ressenti à ce moment là. Une joie et une tristesse mêlées ! La joie d’avoir retrouvée la trace de Michelle après des années où ma Mère pensait à elle, me parlait d’elle et apprendre qu’elle n’est plus de ce monde, ne jamais la revoir pour évoquer le passé. Il ne reste effectivement que les souvenirs. Après avoir discuté avec Norbert, je transmis les informations reçues à ma Mère qui restait sans voix. Elle aurait tant aimé revoir Michelle à un jeudi de l’Ascension. Ma Mère fait souvent ce rêve qui la transporte dans sa maison à Maraval, elle est là dans son jardin, au milieu des marguerites, elle revoit sa rue, son école, tout reste bien ancrée dans sa mémoire…

Je pense souvent à mes parents, je pense à tous les Pieds-Noirs partis de cette Algérie Française, qui petit à petit disparaisse, ne laissant derrière eux, aucune trace et d’autres transmettent leur histoire, leurs jeux, les souvenirs des fêtes, de l’école, des colonies et bien d’autres encore.

La nostalgie me gagne, je tiens à transmettre ce passé qui est cher à mon coeur, à mes propres garçons, ils le savent. Ils me posent parfois des questions, auxquelles je peux leur répondre, je leur raconte des histoires vécues en souhaitant qu’un jour ils perpétuent ce passé.

]]> http://oran3644.unblog.fr/2013/04/06/les-souvenirs-de-ma-mere/feed/ 3 L’ENFANT DE STRASBOURG http://oran3644.unblog.fr/2007/09/08/lenfant-de-strasbourg/ http://oran3644.unblog.fr/2007/09/08/lenfant-de-strasbourg/#comments Sat, 08 Sep 2007 13:58:43 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/09/08/lenfant-de-strasbourg/ POUR MA MAMAN

En souvenir de tes jours de colonie de vacances et pour nous, tes 5 enfants, berceuse que tu nous as chanté et que tu continues à chanter pour tes petits enfants.

Je la chante assez régulièrement pour Arnaud et Mathias, lorsque nous sommes en voiture, et si j’oublie de la chanter, Arnaud me dit :

« tu nous chantes la chanson de Mamie Jojo »

Alors pour ne qu’elle ne sombre pas dans l’oubli et pour tous ceux qui visiteront mon blog, peut-être qu’elle vous rappellera vos souvenirs d’enfance !!!

L’ENFANT DE STRASBOURG

La neige tombe aux portes de l’église
Où est assise une enfant de Strasbourg
Elle reste là, malgré le froid, la bise,
Elle reste là, malgré le froid du jour.

Un homme passe, à la fillette donne,
Elle reconnut l’uniforme allemand
Elle refusa l’aumône qu’on lui donne,
A l’officier, elle dit fièrement :

Gardez votre or, je garde ma souffrance,
Soldat prussien, passez votre chemin,
Car je ne suis qu’une enfant de la France,
A l’ennemi, je ne tends pas la main.

Mon père est mort, sur le champ de bataille,
Et je ne sais l’ombre de son cercueil,
Ce que je sais, c’est que votre mitraille,
M’a fait porter cette robe de deuil.

Tout en priant, dans une cathédrale,
Ma mère est là, sous le porche écroulée,
Frappée à mort par l’une de vos balles,
Frappée à mort par l’un de vos boulets.

Vous avez eu l’Alsace et la Lorraine,
Mais malgré tout, nous resterons Français !
Vous avez eu Germanie et la plaine,
Mais mon p’tit cœur, vous ne l’aurez jamais !

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PHOTOS SOUVENIRS http://oran3644.unblog.fr/2007/01/14/photos-souvenirs/ http://oran3644.unblog.fr/2007/01/14/photos-souvenirs/#comments Sun, 14 Jan 2007 17:26:33 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/01/14/photos-souvenirs/ Bonjour à tous,

Aujourd’hui, je voudrais vous faire partager des photos de là-bas, de votre Algérie. Ces photos ne sont pas personnelles, bien au contraire, je les ai recopié, après demande de permission et autorisation de l’auteur du site « album photos d’oran » de JC Pillon que je remercie infiniment. Les photos paraissent sur le blog et je rajoute régulièrement les noms des différents auteurs de ces photos que je citerais à la fin de mon article.

Me voilà de retour pour citer toutes les personnes qui nous permettent de rêver malgré un passé lointain et pourtant si proche ; je remercie infiniment les personnes suivantes :
- J-P Ramognino
- C. Sicsic
- Hubert Merea
- Christiane Duchateau
- Jeannine Cazorla
- G. Castellanos
- G. Villadier
- Antoine Orsero
- Antoine Martinez
- Francis Lopez
- Alain Dejoux
- Djawad Kettab
- Richard Ortiz
- François Sanchezo
- Pierre Gomez
- Maryse Saurel
- Guy Pinto
- Didier Barcelona
- Jean Andres
- Annie Cherubino
- Roger Garcia
- M. Le Gales

En attendant, je vous souhaite une bonne visite à chacun d’entre vous.

Valérie Martinez

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SAINT EUGENE http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/ http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/#comments Tue, 09 Jan 2007 22:41:59 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/saint-eugene/ Voilà, cela vous paraitra long à lire mais les souvenirs d’enfance restent toujours aussi émouvants, qu’ils soient personnels ou pas, que l’on connaisse la personne ou qu’elle nous soit complètement étrangère. J’ai tenu ici à retranscrire l’enfance passée de mon père, né en 1936 à Saint-Eugène. Les photos et dessins sont à venir.

SAINT EUGENE

Je suis né à Saint Eugène, quartier d’Oran, bd Vauchez. J’habitais une grande maison ; dans le jardin, tout aussi grand, il y avait un olivier, un oranger avec des oranges amères et un très grand figuier. Mon père faisait le jardinage : il cultivait différents légumes, des salades et des tomates. Ma mère s’occupait des fleurs : des roses, des arums, des marguerites, des géraniums et bien d’autres variétés. Au moment de la fête des mères, les gens venaient et nous achetaient des fleurs. On avait aussi une vigne grimpante qui donnait de très gros grains de raisins qu’on mettait en bocal avec du rhum. On possédait également des poulaillers, deux chiens que l’on attachait dans le jardin et des lapins.

De temps en temps, on voyait des caméléons dans le jardin. Souvent, j’en attrapé un et je lui faisais fumer une cigarette ; un jour, le caméléon m’a attrapé le doigt, pour qu’il me lâche, il a fallu lui couper la tête mais lui m’avait arraché un morceau de doigt depuis je n’ai plus jamais touché au caméléon.

Un jour, on a eu une invasion d’énormes sauterelles. On a alors pris des seaux plein d’eau, on mettait les sauterelles dedans et on donnait le tout aux poules qui se régalaient.

5 ans avant l’indépendance, il y a eu une invasion de rats dans notre jardin. Ils venaient manger nos poules et nos pigeons. Il y avait derrière chez nous, un terrain vague où s’entassaient des épaves de voitures, les rats provenaient de là. Avant de partir au travail, à 1 heure de l’après-midi, avec la carabine, j’en tuais quelques-uns et le soir, je recommençais.

A 8-10 ans, je rendais quelques petits services aux américains et eux en échange, nous donnaient des cigarettes.

Après la fin de la guerre avec l’Allemagne, ma mère et moi allions au village nègre (c’était le quartier arabe). On trouvait de tout là-bas, on l’appelait aussi le marché noir.

A 10-13 ans, avec les copains, on fabriquait des « caricos », c’était une planche en bois, dessous il y avait deux roulements à l’arrière et un devant, puis un bois à l’avant qui servait à diriger l’engin.

DESSIN DU CARICO A VENIR

Avec cette planche, on allait chercher de l’herbe pour les lapins, ou encore on allait à la caisserie, l’usine à bois, remplir des sacs de sciure pour se chauffer l’hiver. On avait un fût qu’on remplissait de sciure, au milieu de ce fût, il y avait un manche en bois d’une pioche, sur le côté des trous pour laisser passer l’air, on enlevait le manche en bois et on allumait le feu par le bas, c’était notre chauffage.

DESSIN DU FUT A VENIR

A 12 ans, je ramassais les figues, après les avoir peser, j’allais les vendre. Au début, c’était dur puis peu à peu, j’ai eu ma propre clientèle. Je vendais environ 16 kg de figues deux fois par semaine, ainsi que les oeufs frais de nos poules. Après sa retraite, mon père était gardien le soir dans une usine ; il a ensuite arrêté et s’est fabriqué une charrette pour aller vendre des petits pots de basilic et du piment de Cayenne les jours de marché. Quand il rentrait à la maison, il nous disait : « c’est des français qui m’achètent le basilic ». A Saint-Eugène, il y avait la cité des français de métropole. Ils lui achetaient du basilic pour le mettre dans leur soupe.

Dans notre quartier, on se connaissait presque tous ! En face de chez nous, il y avait le bar François, à côté le coiffeur, après le bar Martinez, Lola la marchande de journaux, un peu plus haut le cinéma l’Alhambra. En face, il y avait aussi un magasin qui vendait des glaces, des torraïcos (pois chiche grillé) et des tramousses (lupins) et le bar Bonillo.

A Pâques, les gens venaient faire cuire leur mounas à la boulangerie, à cette époque, nous n’avions pas de four.

J’ai fréquenté beaucoup de quartiers où j’ai travaillé par la suite : Gambetta, Carteaux, Victor Hugo, Delmonte, le Plateau, le quartier de la Marine (c’était le vieux quartier d’Oran).

Notre moyen de locomotion à l’époque, c’était la marche : j’accompagnais ma mère au cimetière Tamashouet. On allait à l’école, pêcher au port, au centre ville, toujours à pied. Le samedi soir, nous allions au cinéma qui se situait au centre ville. On rentrait à 1h30 du matin et on prenait les cannes à pêche puis on repartait. On rentrait le dimanche après-midi vers 13 h – 14 h et à 7 heures du soir, on était de nouveau dehors.

A 14 ans, j’ai eu mon vélo. On allait pêchait à Ain Franine (c’était sur la côte sauvage) avec les copains. On allait même jusqu’à Arzew, à 40 km d’Oran, le soir on était crevé.

J’ai eu mon premier contrat de 3 ans dans un atelier de mécanique, il y avait également avec moi un jeune du quartier Victor Hugo qui travaillait avec moi. Je le revois de temps en temps, aujourd’hui, il habite à Hyères. L’entreprise où je travaillais s’appelait l’entreprise Raveau. Ils étaient 4 frères, ils travaillaient toujours très tard dans la soirée. On nous apportait des villebroquins de bateau complètement usés et eux les retapaient à neuf. Il n’y avait qu’eux pour faire ce travail de métallisation dans tout Oran. D’ailleurs, c’est grâce à eux que j’ai appris à travailler.

J’allais à l’école de Delmonte qui était à 1 km de la maison. On n’était pas des anges et à la récréation, il y avait souvent des bagarres, si bien que lorsqu’on rentrait en classe, l’instituteur faisait pousser les bureaux, et les deux élèves qui se battaient en récré, remettaient ça devant les élèves et l’instituteur. Moi, je n’ai jamais aimé l’école.

Il y avait à côté une église avec le patronnage. Monsieur Henri s’occupait du patronnage, il faisait office de prêtre. C’est là que l’on jouait au petit drapeau, on faisait des sorties à la campagne, toujours à pied.

Pour la Pentecôte, on allait à Santa-Cruz, c’est la montagne qui se trouve au pied du quartier de la marine. C’était haut : les gens montaient soit à pied, soit à genoux pour prier et voir la Vierge. Toute la population faisait ce pélerinage. Il y avait aussi un château fort.

Quand il y a eu la peste à Oran, beaucoup sont morts puis un jour tout s’est arrêté : je ne me souviens plus en quelle année mais les gens avaient descendu la Vierge et la promenaient dans toutes les rues, les balcons étaient maculés de drap blanc et de bougies allumées : voir le livre d’Albert Camus sur la peste.

A 17 ans, j’avais une certaine liberté. Le vendredi soir, on sortait avec les copains, on faisait la tournée des différents bars : on mangeait de la rate farcie (merza), des rognons blancs, des merguez, du foie ou du coeur. Presque tous les bars possédaient un barbecue, chacun préparait sa kémia (différentes entrées) et les gens s’attablaient à l’intérieur ou à l’extérieur du bar.

Quand tu commandais à boire (anisette), on te servait aussi une assiette de kémia (escargots en sauce piquante, olives, cacahuètes, etc…). On était une bande de 7 à 8 copains alors, à tour de rôle, on payait notre tournée, si bien que le soir, je ne rentrais pas souper à la maison.

A 18 ans, je me suis acheté une motobecane 125 culbutée. On partait à 4 h du matin placer des pièges pour attraper les oiseaux : grives, alouettes. On posait plus de 350 pièges (piège de fourmies à ailes ou des verres de farine). Avec mon frère René, on attrapait les chardonnerets au filet mais il fallait aller assez loin. Au début, on faisait cela à vélo c’était dur mais après avec la moto, cela s’est beaucoup amélioré.

PHOTO DE LA MOTO A VENIR

Après le départ des américains, à la fin de la guerre, on allait à leur emplacement. Ils avaient creusé des trous en forme d’entonnoir, d’une circonférence d’au moins 15 m, d’une profondeur de 8 à 10 m. Pour descendre au fond de ces trous, on se laissait entraîner par la vitesse, c’est elle qui nous maintenait debout. En bas, c’était pleins de serpents, des petits qui étaient mortels et des couleuvres. On les attrapait soit pour leur couper la tête ou alors on en lâchait quelques uns dans le quartier sur la route.

Le soir, on s’amusait à Burro flaco : deux groupes de 6 par exemple : il fallait se mettre l’un derrière l’autre, en position du cheval d’Arson, le second tenant le pantalon du premier et ainsi de suite. Le deuxième groupe devait sauter sur le dos du premier et ainsi de suite jusqu’à ce que tout s’écroule.

Si vous souhaitez voir un exemple de ce jeu, visiter le site suivant : tout en bas de la page, vous avez une vidéo du jeu BURRO FLACO

http://danmarlou.free.fr/jeux.htm

On allait aussi chez Dédé Camensouli. Avec les copains, on avait formé un groupe de musiciens : le groupe BATI BATI : Dédé jouait de la batterie, Roger de l’harmonica, moi j’avais les maracas et le tambourin quelquefois. Notre groupe jouait sur les plages d’Ain El Turck et Damesme. Un an plus tard, un ami nous rejoint pour jouer de l’accordéon. Notre groupe jouait un peu partout.

Le soir, vers 18 heures, en face de la maison, devant le bar, on achetait des sardines fraîches que l’on mangeait de suite. Ainsi, il y avait toujours du monde à la maison.

A la fin de mon service militaire, je me suis achetée une autre moto, la première c’était une motobécane 125 culbutée, vitesses au pied. La deuxième c’était une moto anglaise : Royal Enfield 250, mon copain Jeannot Roca avait une 500 Triumph, les autres c’était la voiture.

ROYAL ENFIELD 250 A VENIR

Le soir, après le couvre-feu, on n’avait plus le droit de sortir mais le vendredi soir, on allait au cabanon au frère à Tari au genêt, il y avait des dunes de sable, et là on jouait aux cartes.

Vers 1 heure du matin, on ramassait des crevettes ou on pêchait. On ne rentrait chez nous que le dimanche soir, toujours après le couvre-feu. Les motos partaient les premières, les voitures nous suivaient, cela arrivait que l’on croise des barrages mais on les semait aussitôt. Un soir, qu’on rentrait moteur et feux éteints, je restais devant la porte de chez moi et ne bougeait plus, mon copain qui habitait un peu plus bas, s’était fait arrêter au croisement par une patrouille de gendarmes accompagnés d’arabes du FLN. Ils l’ont fait descendre de voiture et l’ont tabassé, je suis resté en retrait et suis rentré discrètement chez moi.

Derrière chez nous, il y avait aussi un terrain de boules, souvent on allait jouer aux boules ou aux cartes. Au mois de mars, on pêchait des sacs pleins de saupes en compagnie de personnes plus âgées que nous, avec comme appât un grain de mandarine.

Quelquefois aussi, on allait pêcher jusqu’à Mostaganem (à 90 km d’Oran), dans un coin qui s’appelait Lastidia.

Toujours derrière chez nous, sur le terrain vague, il y avait une tonnelerie qui fabriquait de gros tonneaux pour le vin. Quand le patron était absent, on montait sur les fûts et on les faisait rouler. On s’amusait ainsi mais un jour, je suis tombé et me suis cassé la jambe droite. A la maison, on avait une balançoire fixée sur le figuier, ma soeur Clémence m’avait poussé un peu trop fort, je suis parti dans les airs et en tombant j’ai eu une nouvelle fracture toujours de la jambe droite. Une après-midi, il y a eu une forte explosion dans l’atelier de mécanique qui se situait à côté de chez nous. Une bouteille de gaz avait explosé, le patron a eu le visage brûlé ainsi que mon frère Joseph qui avait été brûlé sur tout le corps.

J’ai profité de ma jeunesse, j’ai vécu à 100 % les plus belles années de ma vie puis est venue l’indépendance de ma terre natale où contraint et forcé j’ai dû prendre l’avion le 4 juillet 1962 pour arriver à Marignane.

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POESIE POUR MA GRAND-MERE http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/poesie-pour-ma-grand-mere/ http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/poesie-pour-ma-grand-mere/#comments Tue, 09 Jan 2007 20:54:25 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2007/01/09/poesie-pour-ma-grand-mere/ J’ai écrit cette poèsie qui n’en est pas vraiment une lorsque ma grand-mère maternelle nous a quitté. Elle est partie avec ses souvenirs d’enfance, son passé et je garderais toujours au fond de mon coeur, son visage, sa gentillesse avec nous sa famille, avec autrui, les inconnus. Elle possédait une générosité immense, le malheur des autres la touchait au plus profond d’elle même, elle se demandait souvent pourquoi Dieu a-t-il voulu toute cette misère, cette guerre, à quoi cela sert-il ?

Alors j’ai voulu à ma façon lui rendre un hommage, mes mots sont simples, ils représentent tout ce qu’elle était, tout ce qu’elle donnait et j’aurais aimé qu’elle connaisse mes enfants, qu’elle leur donne l’amour qu’elle m’a donné, à toi, ma petite mémé que j’aime tant !!!

Pour toi Mémé, où que tu soies, je pense à toi

Depuis ta naissance jusqu’à ta jeunesse
Ta vie n’a été que grâce et finesse
Aujourd’hui encore, jamais elle ne sèche
Car tu es la plus belle mais surtout la plus fraîche.

Tu es la seule qu’on aime
Puisque toujours tu resteras la même
Tu raconteras avec ton coeur
Toute ta vie et ton bonheur

Chaque jour à chaque instant,
Pour toi la vie recommence
Toi qui nous aime tant,
Car rien n’existe pas même la violence

Plus les années passent
Et jamais, on ne t’oubliera
Car rien ne s’efface
Pas même les fleurs de ta villa

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SAINT EUGENE ET MARAVAL http://oran3644.unblog.fr/2006/12/29/saint-eugene-et-maraval/ http://oran3644.unblog.fr/2006/12/29/saint-eugene-et-maraval/#comments Fri, 29 Dec 2006 20:58:14 +0000 http://oran3644.unblog.fr/2006/12/29/saint-eugene-et-maraval/ Bonsoir,

A l’origine, j’ai créée ce blog pour parler de l’Algérie Française et de ses rapatriés, mais à vrai dire comment faire pour parler d’un pays que je n’ai pas connu, seuls mes parents le peuvent, seuls vous les rapatriés le peuvent aussi.

Ce que je peux dire de l’enfance de mes parents : ce sont des mots tel que calentica, mouna, roïco, la vierge Santa Cruz, le boulevard Vauchez à Saint Eugène, la rue Laveran à Maraval et les fleurs de la villa, les 400 coups de mon père quand il était enfant, les souvenirs d’école, les cours de sténo pour ma mère avec son amie Michelle Rodriguez, qu’elle souhaiterait un jour revoir ou du moins avoir de ses nouvelles, le port d’Oran, et dernièrement l’orchestre Bati-Bati, et bien d’autres souvenirs !!!!

J’aimerais bien que mon père ou ma mère me fasse un récit à leur tour de leur Terre Natale, maman dit souvent qu’elle rêve de là-bas, et mon père lorsqu’il parle de cette Algérie Française, on sent dans ses yeux et dans son coeur, une tristesse, tristesse d’avoir dû partir de chez lui, d’avoir dû laisser des amis, de la famille, la séparation de tous, et cette terre d’accueil qui devait leur ouvrir les bras, comment les a-t-elle accueillie ?

Qu’ont-ils pu ressentir en partant de là-bas, devoir tout laisser derrière eux, n’emportant avec eux que le stricte nécessaire, tout cela pour sauver leur vie, emportant leurs photos qui elles marquent le passé, ce passé détruit, saccagé, pourquoi ? Qu’a-t-elle eu de bénéfique pour chacun ? Pourquoi a-t-il fallu se battre pour conquérir cette Algérie et quelques années après, lui rendre sa liberté dans un bain de sang, cette guerre était-elle nécessaire ? Combien de familles ont été détruites, combien comme nous, recherchons nos racines, le souvenir est-il toujours intact, le retour au source n’est-il pas trop douloureux ?

J’attends vos impressions, vos témoignages, vos souvenirs d’enfance à vous mes parents. Merci d’être présents à chaque instant de ma vie, merci d’être patients avec toutes mes questions et mes demandes, merci pour tout ce que vous m’avez appris, enseigné, merci d’être tout simplement mes parents :

JE VOUS AIME TRES FORT DE TOUT MON COEUR

votre fille Valérie

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