Je suis, tels mes parents, fier d’être né au nord,
Un pays méconnu juste au bord de la mer ;
Un pays dénigré et mal aimé à tort
Et pourtant un pays si extraordinaire !
Son chef-d’oeuvre voulu, la nature l’a fait
En fusionnant si bien le ciel, la terre et l’eau ;
Et c’est du succès de ce mélange parfait
Que mon pays du nord un beau jour est éclos !
Falaises et rochers, galets et golfes roux,
Dunes et sables chauds, tapis d’or de nos plages,
Sont saupoudrés de blanc lorsque la mer s’échoue
Et sont alors unis en un beau mariage !
Le vent du nord qui vient de la mer nous est doux :
Ce n’est qu’un souffle court son flux nous atteignant,
Comparé à ces vents mauvais qui rendent fou :
Le Mistral de Marseille, l’Autan de Perpignan !
Le soleil au-dessus de mon pays du nord
Dirige notre vie par toute sa magie ;
Il réchauffe nos cœurs et envahit nos corps,
Il dope notre esprit et crée notre énergie !
Au plus chaud de l’été, il dore les moissons ;
Il fait mûrir les fruits et rougir le raisin ;
Il sait pourtant doser sur nos peaux ses rayons
Pour ne pas nous brûler et conserver nos teints !
Notre terre du nord est si douce et légère,
Labourée, cultivée : labeur de nos aïeux,
Qui ont par leur travail su la rendre prospère
Quand elle était le lit d’un terrain rocailleux !
Les cultures du blé, des vignes et coton,
Les prairies, les jardins, les champs et les vallées
Et même les plateaux avec porcs et moutons
Étalent la force de notre volonté !
Notre esprit de progrès, de développement,
A modifié le sol, changé le paysage,
Améliorant la vie considérablement :
Voyez un peu nos ports, nos villes, nos villages !
Les gens du nord sont bons, accueillants, chaleureux,
Sous leurs airs suffisants, ils ont un très bon coeur
Et ils donneraient tout, étant très généreux,
Sauf leur identité, leur accent, leur honneur !
Ils ont le verbe haut, la parole facile,
Les phrases colorées venant de leur faconde !
Justement leur accent : il est indélébile
On le connaît partout aux quatre coins du monde !
Le parler imagé, de nous Français du nord,
Est fait d’un bienheureux mélange de cultures,
De nationalités, de langues et d’apports
Qui viennent enrichir aussi notre nature !
Et quand descend le soir, que s’allonge mon ombre
Sous le ciel infini où les astres scintillent,
Je parcours l’horizon et vois dans la pénombre
Que ma terre du nord est un joyau qui brille !
Ou quand très loin du nord, les yeux écarquillés,
Je vois dans les lueurs s’élevant vers le ciel,
De grands sapins de fer se mettant à briller,
Je me souviens du nord et des soirs de Noël !
Que verte est ma vallée quand l’herbe qui y pousse
Me permet d’espérer en faisant mon bonheur ;
Mais quand le vent forcit et qu’elle devient rousse
Pour ma terre du nord je crains un grand malheur !
Car quand le ciel rougeoie au-dessus de la plaine
Et que le vent de l’est ramène certains sons,
Je me demande si ces petits phénomènes
Ne sont pas le début de terribles frissons !
Et si j’étais un jour perfidement trahi,
Obligé de partir, d’éviter le tombeau,
Alors si je devais visiter cent pays,
Mon beau pays du nord resterait le plus beau !
Mais pour vous, quand je dis : « Mon beau pays du nord »,
C’est un malentendu, aussi je vous rassure,
Je suis, tels mes parents, fier d’être né au nord,
Au nord, oui mais au nord, de l’Afrique bien sûr !
JOCELYN PERPIGNAN